[ètre dy pipi de Sa] (loc. nom. MIAO.)
Voici que nous posons sur le métier l’une des rares expressions surannées erronées. Oui, il est arrivé à la langue de fourcher. Peut-être avait-elle oublié de tourner sept fois dans la bouche de quiconque le jour de sa création, mais force est de reconnaître que la locution s’est pour une fois fourvoyée.
Car l’urine de greffier fouette. Et prétendre que ce qui n’a aucune importance est du pipi de chat revient à méconnaître la sensation olfactive générée par la miction du matou.
Lorsqu’il frétille de la croupe et qu’il balance son pipi de chat, le minou fait savoir que le lieu est d’importance pour lui et que tout autre mâle (félin ou humain) n’y est pas bienvenu. L’expression a donc tout faux.
Être du pipi de chat devrait tout au contraire désigner ce qui n’en a pas l’air mais l’est, crucial. Car raminagrobis ne plaisante pas en venant pisser sur la canapé ou le tapis : la giclette est une menace.
Il est probable que c’est la domestication du mistigri par les Égyptiens et sa vénération sous la forme de la déesse Bastet qui créa la confusion sur être du pipi de chat. Qui imagine en effet que la déesse de la joie du foyer aille pisser un peu partout pour le rendre insalubre ? Statutairement, l’urine de déesse n’est pas un sujet qui mérite la peine qu’on s’y attarde. Un phénomène qu’on retrouve aussi dans l’étude de la flatulence de princesse et dans le crottin de licorne¹, mais ceci est une autre histoire.
Comme souvent c’est l’intérêt qui boutera au suranné être du pipi de chat, fut-ce dans sa fausse acception. Le marché de la litière pour chat pesant plus de cent dix sept millions d’euros en France, il était important pour la finance qui gère le monde moderne que le pipi de chat ne soit pas balayé du revers de la main. Car avec ses trente trois kilogrammes de consommation annuelle de gravier à pissat² le félin est une manne. La pisse de chat, c’est pas du pipi de chat.
Et quand il s’agit de fafiots, le suranné n’a pas son mot à dire.