[ètre piké de la tarâtyl] (loc. verb. ARACHN.)
Arachnophobes s’abstenir. Il va être question dans les modestes lignes qui suivront d’un des êtres vivants les plus hideux qui soient, et souffrant moi-même d’une trouille bleue de ces monstres à huit pattes je ne saurais vous soumettre sans vous prévenir à l’une de ces « techniques d’exposition au stimulus anxiogène visant à obtenir une habituation et une extinction de l’angoisse » comme on dit chez les savants qui savent.
Selon que vous serez francophone ou anglophone tarentula ne désignera pas exactement la même bestiole mais je répugne à vous en faire un descriptif précis; dans les deux cas on parle d’une araignée velue dont le plus grand spécimen connu a été mesuré avec des pattes de vingt-huit centimètres !
Mais quelle mouche a bien pu piquer la langue surannée pour faire d’être piqué de la tarentule une expression désignant l’agitation et l’engouement ? Une simple observation des conséquences de la morsure du monstre connu pour vivre dans les environs de Tarento, dans les Pouilles ? Ce n’est certainement pas pour ça que l’Italien est volubile et souvent piqué de la tarentule !
Une volonté vicieuse et complotiste de faire de tous les passionnés des agités du bocal, des pratiquants de la danse de Saint Guy, des hyperactifs à soigner à grand renfort de méthylphénidate, dextroamphétamine, dextrométhamphétamine ou lisdexamphétamine, des types à enfermer ? Le monde serait bien triste sans tous ces tourmentés !
Quoi qu’il en soit, répugnance pour l’araignée oblige (l’arachnophobie affecterait 6,1% de la population), être piqué de la tarentule a rejoint le terrier dont je ne la sortirai pas, même pour le plaisir de la placer dans une conversation avec un excité de service.
Renoncer à un mot suranné est un crève-cœur, vous le savez, mais être piqué de la tarentule est vraiment au-dessus de mes forces. C’est bien dommage, l’époque moderne voyant s’affronter les plus grands brasseurs d’air dans des joutes venteuses il eut été de bon goût de leur faire savoir qu’ils nous lassent.
Ils finiront peut-être par s’épuiser.