[ètre rekòmâdé o prèS] (loc. relig. POLIC.)
Quelle finaude cette langue surannée (quelle perfide diront les bigots) qui n’hésite pas un instant à se gausser des ici-bas postes avancés de l’au-delà !
C’est certainement en contrepoids à une présence écrasante de la chose religieuse, de ses maisons et de ses homélies (du culte, du culte, toujours du culte, mais enfin il n’y a pas que le culte dans la vie semble-t-elle nous dire) qu’elle a conçu être recommandé au prêche en lui donnant un sens pas très orthodoxe.
Être recommandé au prêche n’est en effet pas une introduction auprès de son Éminence ou de l’un de ses subalternes en vue d’embrasser la carrière de bedeau, ni même un quelconque coup de piston pour une place au premier rang de la messe de minuit (inutile au demeurant puisque les premiers seront les derniers, mais ceci est une autre histoire).
Tout au contraire, être recommandé au prêche signifie sous sa forme plus administrative mais tout autant martiale, être défavorablement connu des services de police¹, être dans le collimateur de l’autorité sévissante. Une formule beaucoup plus joueuse que ses synonymes laïcs, qu’il faut entendre au second degré.
Un individu recommandé au prêche n’est donc nullement en odeur de sainteté mais plutôt une brebis égarée, un vilain petit canard, un mouton noir dont l’âme ne sera pas sauvée s’il continue ses vilenies (ce dont il se contrefiche, d’où le degré d’humour susnommé).
Les drôles de paroissiens sujets à caution ne manquant pas, être recommandé au prêche deviendra d’un usage commun dans une France fille aînée de l’Église où les loubards, blousons noirs, punks et autres élèves de 3ᵉB se font particulièrement remarquer par leur attitude subversive.
La fermeture progressive des établissements théogoniques va engendrer la disparition en surannéité d’être recommandé au prêche.
L’expression ne se remettra pas de cette crise de foi qui emportera ainsi son ironie de bénitier.