[ètre bô kòm la ròmèn] loc. adj. SPQR.)
S‘il a pu vous arriver de raconter des salades pour faire l’école buissonnière ou plus récemment pour expliquer au responsable de la photocopieuse que ce tirage étrange ne pouvait en aucun cas provenir d’une reproduction xérographique de votre postérieur ou de votre poitrine, alors vous savez qu’on sort rarement innocenté d’une situation aussi inextricable.Au bord de la rupture, sentant bien que vous n’allez pas échapper à la sanction, les preuves de votre forfaiture s’accumulant (oui, c’est bien votre séant sur la photocopie…), l’observateur aguerri dira de vous que vous êtesbon comme la romaine.
C’est évidemment à la salade susnommée qu’il fera référence, plus qu’à la louve nourricière de Rémus et Romulus, romaine elle aussi mais nettement moins bonne que la lactuca sativa var. longifolia. Qui raconte des salades se retrouve dévoré comme elles lorsqu’il est démasqué.
Être bon comme la romaine c’est un peu être dans la situation d’une laitue face à un bataillon de vegan affamés : les jeux sont faits et rien ne va plus. Quand on est bon comme la romaine on sait que la fin est proche.
Même s’il n’est pas formellement prouvé que l’expression provienne de la saveur fort appréciable de la salade romaine (avec des croûtons de pain et du parmigiano c’est encore meilleur) que l’on goûte sur nos table depuis la Renaissance, aucune thèse contraire sérieuse n’a pu trouver sa place.
On aurait aimé qu’être bon comme la romaine ait par exemple un lien avec la délicieuse Ornella Muti (née à Rome) mais, malgré de nombreuses recherches, nous sommes au regret de constater que la Plus belle femme du monde 1994 n’y est pour rien.
Tout juste peut-on prêter une attention polie à cet apocryphe de la Guerre des Gaules qui fait soupirer à Vercingétorix qu’il est bon comme la romaine quand il prend la terrible décision de reddition… Véritable document ? Supercherie ? La science n’a pas tranché.
Être bon comme la romaine devra se contenter de son origine maraîchère, ce qui ne l’empêchera pas de connaître une brillante carrière dans le constat d’échec.
Le concept moderne de win-win issu quant à lui des principes de manipulation des foules dans l’espace managérial ou politique¹, enverra bouler en surannéité ce clairvoyant être bon comme la romaine. Il n’est plus d’élément de langage négatif possible. En sport il y a désormais des défaites encourageantes, en politique des revers qui permettront de mieux revenir, en économie des adaptations conjoncturelles du revenu des ménages. Pas de place pour être bon comme la romaine.
Et pourtant, avec des croûtons et du parmigiano…