[ètr û ɡrâ astròlòɡ ki devin lé fèt kâ èl sô veny] (loc. astro. MOQ.)
Mettre en boîte le manque d’acuité d’un quidam exige une maîtrise sans faille du langage au risque de le froisser, ce qui n’est jamais l’objectif d’une expression surannée.
La flatterie apparente, le louange compliqué, sont alors les ficelles usitées pour faire passer la pilule d’un sarcasme appuyé sur une perspicacité dont ces messieurs Karamba et consorts, grands-voyants-mediums-incontestables-paiement-après-résultats-pas-de-problème-sans-solution, ceux-là même qui effectuent un travail sérieux et discret avec 100% de réussite, aiment à se prévaloir bien qu’elle ne soit que de pacotille.
Pour ces bouchés de la clairvoyance a donc été pensée la très complète et bien sonnante être un grand astrologue qui devine les fêtes quand elles sont venues.
Le spécialiste en alignement de planètes et interprétation de configurations célestes, tout craint qu’il est dans ces années où le Progrès emprunte autant à la science qu’à la magie, est aussi raillé (sous cape) quand des retours de l’être aimé tardent un peu trop ou qu’une rentrée d’argent qui devait avoir lieu ne s’avère pas à la hauteur des attendus. Être un grand astrologue qui devine les fêtes quand elles sont venues est alors ce qu’il y a de plus convenu entre dubitatifs pour se gausser du prétendant à la sagacité et ce qui aurait dû en dérouler.
Toute la subtilité du persiflage contenu dans être un grand astrologue qui devine les fêtes quand elles sont venues procède de l’incapacité du prédicateur à – précisément – le voir venir.
Se moquer d’un tranche-montagne qui fanfaronne en lui collant sous le nez une ironie est une petite gâterie qu’autorise donc l’emphase de la tournure.
La profession de commentateur-des-faits-qui-se-sont-déroulés-conformément-à-ce-que-je-vous-avais-dit-et-même-si-je-ne-l’ai-pas-dit-je-l’ai-pensé-très-fort-donc-ça-compte¹ se développant grandement sur des plateaux de télévision sommés par une modernité avide d’information de faire savoir l’actualité en direct vingt quatre heures sur vingt quatre, être un grand astrologue qui devine les fêtes quand elles sont venues est jugée beaucoup trop subversive et condamnée à s’enfouir sous des centaines de qualificatifs beaucoup plus élogieux, eux (expert, consultant, invité-témoin, etc.).
En moins de temps qu’il ne faut au professeur Karamba (grand maître qui lit dans les sillons inter-fessiers depuis 1678) pour faire revenir l’être aimé², être un grand astrologue qui devine les fêtes quand elles sont venues se transforme en expression surannée.
On ne chahute pas ceux qui sachent.