[ètr û Zon] (gr. verb. COUL.)
Bien avant qu’elles ne soient la couleur du Ricmuche et deviennent vénérées comme il se doit en chaque Balto de France, les couleurs à longueur d’onde dominante entre 573 et 584 nanomètres s’étalaient sur les parois des logements préhistoriques de bon goût.
Cependant, le langage inexistant alors ne pouvait les qualifier de jaune.
Il faudra en effet attendre encore quelques temps, 1899 selon les chercheurs, pour qu’être un jaune ne devienne une expression à part entière.
Née en Saône-et-Loire à l’initiative de Charles Prosper Eugène Schneider¹, patron des Établissements Schneider et Cie qui font alors dans l’acier, député Action Libérale du Creusot, le Syndicat des corporations ouvrières du Creusot et de ses dépendances va bien vite s’avérer très favorable aux positions de son fondateur, à l’opposé des autres représentations ouvrières, les rouges.
Être un jaune c’est alors être hostile aux revendications rouges en allant jusqu’à briser les grèves (en bossant ou en faisant le coup de poing).
Lutte des classes et force du rouge oblige, être un jaune deviendra rapidement synonyme d’être un traître à une cause, une sorte de vipère lubrique mais couleur curcuma, l’expression perdurant bien au-delà de la dissolution de la Fédération nationale des jaunes de France² en 1912.
Les hérétiques et les cocus dont le jaune était jusqu’alors la couleur étendard³, celle de la mise en quarantaine, furent particulièrement reconnaissants à être un jaune qu’ils contribuèrent à déployer sous cette nouvelle acception. Leur nombre explique le succès qu’être un jaune rencontra jusqu’à ce jour du 7 mai 2015 où un décret numéroté 2015-514 relatif à la détention et au port du gilet de haute visibilité poussa l’expression en surannéité.
Tous les conducteurs d’un véhicule à moteur durent dès lors posséder un triangle de présignalisation prévu au I de l’article R. 416-19 et un gilet de haute visibilité prévu au II de l’article R. 416-19 du code de la route, transformant en être jaune ridiculement affublé le moindre quidam en panne.
Être un jaune ne fut plus que la malheureuse conséquence d’un pneumatique crevé ou d’une durite fatiguée, bien loin d’un glorieux lock-out patronal. Le jaune rejoignit le rouge dans les couleurs désuètes, suivi quelques années plus tard par le rose et le bleu, mais ceci est une autre histoire.