[ètr yn virɡyl dâ lâsiklòpédi] (loc. verb. ENCYCLO.)
Il ne s’agit aucunement, avec l’expression étudiée en ces lignes, de négliger la subtilité de la virgule, bien au contraire : l’importance qu’elle peut prendre en liant ou séparant, le contresens que son absence peut créer, lui confèrent une place unique dans toute phrase.
Si la virgule est un signe de ponctuation influent en syntaxe, elle l’est tout autant en mathématiques, précisant grosso modo jusqu’à 141 592 653 589 793 après elle-même, Π ou tout autre nombre de ce type indispensable à la vie quotidienne.
Il est donc très étrange que la langue ait créé être une virgule de l’Encyclopédie pour définir ce qui est sans importance notable, proche du négligeable.
La référence majuscule (E) nous autorise à dater être une virgule de l’Encyclopédie d’après 1751, date à laquelle paraît le premier volume de l’Encyclopédie, mère de toutes celles qui suivront (dont la très modeste ici présente), et œuvre des comparses Diderot et D’Alembert (et de quelques gens de lettres).
La somme considérable de connaissances déployées au long des dix sept volumes de textes et onze d’illustrations peut bien entendu faire débat à une époque qui sort tout juste de la platitude de la Terre, mais quelques menues approximations sont une virgule dans l’Encyclopédie.
Cette inconséquence du détail se verra un peu plus tard appliquée aux falots, aux personnages de peu, aux bien nommés moins que rien, dont il conviendra de dire qu’eux-mêmes ou leurs propos ne sont qu’une virgule dans l’Encyclopédie, façon savante de leur faire savoir leur infatuation.
On comprend aisément pourquoi être une virgule dans l’Encyclopédie filera au suranné, malgré les efforts louables d’une flottille de Vendeurs Représentants Placiers chargés de refourguer à d’inattentifs benêts les trente volumes reliés cuir de l’Encyclopædia Universalis¹ contre un endettement sur deux générations (mais ceci est une autre histoire) et ainsi de faire vivre l’esprit de l’œuvre première de Diderot.
Être une virgule de l’Encyclopédie ne survivra pas à la disparition, dans l’ordre, des encyclopédies, des dictionnaires, du Quid, du Bled puis enfin du Bescherelle, livres du savoir inutile et de ses signes absurdes.