[fèr la bâbòS] (loc. popu. FÊT.)
Si tout a bien commencé au rythme des tambours d’Afrique, les ka-mombulon, leurs profondes percussions entraînant les danseurs, l’expression initiale qui caractérisait la fiesta était celle de faire la bamboula.
Une appellation qui s’insérera dans la longue liste des formes festives incluant par exemple surboum, boum et rave party et qui connaîtra le destin de chacune d’entre elles à savoir sa mise au ban par la génération suivante pour cause de hasbeenité.
Sans en changer l’esprit (souvent embué) faire la bamboche succèdera donc à faire la bamboula, continuant donc à en célébrer les dodelinements corporels (variables selon les musiques et les époques, mais ceci est une autre histoire) et les libations alcoolisées.
Être social par essence, ayant toujours une réussite à fêter ou un échec à oublier, le Français fera un usage effréné de faire la bamboche, que ce soit sous la forme de bals populaires à la Bastoche ou de pince-fesses dans les palais de la République.
Une victoire sur les Romains ? Bamboche. Une défaite en finale ? Bamboche. Une mention au bachot ? Bamboche.
Plus encore : un jaja râpeux et acide à déstocker ? Bamboche (commerciale).
Paris est une bamboche
Si le lendemain matin chaque noceur se jure de ne plus jamais faire la bamboche, sa promesse s’évapore aussitôt la fin de semaine venue. Et même s’il est loin du pays, du côté de Broadway, il fera la bamboche comme s’il était à Meudon, se tirant des bordées sur la 42e et jusqu’à la 50e.
Notons que Paris est une bamboche fut un temps évoqué pour traduire A Moveable Feast d’Hemingway (1964), Gallimard choisissant finalement un autre titre¹. De même, Saturday Night Bamboche tint longtemps la corde avant qu’Hollywood ne se rabatte sur une fever plus internationale servant ses desseins exportateurs.
Contestée par des voisins grincheux, honnie par de sanguinaires barbares, la bamboche faisait cependant son office se gardant au passage de tomber dans les dangereux travers d’une bamboula devenue insultante.
Touchée de plein fouet par un virus mortel qui s’attaquait prioritairement aux fêtards, la bamboche fut fauchée en pleine gloire par une interdiction officielle d’exercer (2020, 2021).
Alors qu’elle semblait avoir résisté à la modernité, faire la bamboche se vit vilipendée et strictement prohibée, traquée par la maréchaussée. Filant en surannéité sans demander son reste, cette expression demeure un cas unique de disparition spontanée.