[fèr la bataj dé Zézÿit] (loc. relig. BRANL.)
ℬelliqueux, les membres de la Compagnie de Jésus ne l’étaient pas dans l’esprit de leur père fondateur, saint Ignace de Loyola, homme qui avait renoncé à la castagne non sans avoir donné de sa personne¹ dans plusieurs batailles face aux troupes françaises et s’était finalement décidé à la paix.Il est donc a priori étonnant que ces Jésuites se retrouvent acteurs d’une expression les impliquant dans la baston.
Faire la bataille des Jésuites n’est en réalité pas de l’ordre guerrier.
Elle inciterait même beaucoup plus à l’amour qu’à la guerre, si l’on considère comme amour celui que l’on peut avoir pour soi au point d’être son propre objet de désir, car c’est bien là ce que suppose faire la bataille des Jésuites qui rend d’ailleurs plus hommage à Onan qu’à Jésus (mais ceci est une querelle théologique dans laquelle nous ne saurions entrer en ces lignes).
Il est fort probable que le vœux de chasteté prononcé par les clercs réguliers de la Compagnie soit la raison pour laquelle une langue surannée que l’on sait toujours prompte à titiller aura créé faire la bataille des Jésuites, sous-entendant gaillardement que, dans la plus stricte intimité, les hommes de dieu sont avant tout des hommes.
Ainsi, pour combattre ces démons (de midi ou minuit), les Jésuites pouvaient-ils compter sur eux-mêmes et purger leur contentieux avec la concupiscence. Faire la bataille des Jésuites c’est se prendre en main face au bouillonnement des sens et retrouver la béatitude.
L’œuvre évangélisatrice des milliers de membres dressés « pour une plus grande gloire de Dieu » (Ad maiorem Dei gloriam) colportera faire la bataille des Jésuites aux quatre coins du monde, imposant l’expression comme un pieux synonyme de faire sa petite lessive à la main.
L’élection en mars 2013 du Jésuite Jorge Mario Bergoglio au poste de 266e pape sous le pseudonyme de François, obligera faire la bataille des Jésuites à nettement plus de retenue sous peine d’entacher la soutane blanche du chef de l’Église catholique d’une gaudriole malvenue.
Faire la bataille des Jésuites devient dès lors rapidement surannée.
Elle rejoint dans l’histoire oubliée ce second fils de Juda, Onan (cf. princeps), qui passait son temps à refuser de bâtir une descendance en répandant sa semence pour de complexes histoires familiales qui sont précisément d’autres histoires.