[fèr le miSlê] (loc. verb. BOUL’MICH’)
Aucun fabricant de pneumatiques français sis à Clermont-Ferrand et dûment représenté par Bibendum depuis 1898 n’est à l’origine de l’expression plutôt gonflée que nous allons étudier en ces lignes.
Les établissements Michelin, multinationale cotée au CAC 40, ne verront point leur titre affecté par ce qui aurait pu être un énorme scandale si leur avait été attribué ce pelotage sournois signifié par faire le Michelin. Car le Michelin en question n’a rien à voir avec le Michelin patronymique des frères auvergnats André et Édouard.
Afin d’envisager pourquoi faire le Michelin équivaut à tripoter les femmes dans la foule, il nous faut nous pencher sur ce goujat en question.
Le Michelin doit son nom au boulevard Saint-Michel qu’il fréquente, artère majeure de la capitale voulue par le baron Haussmann pour prolonger le boulevard du centre (désormais Sébastopol) de l’île de la Cité au carrefour de l’Observatoire. Le Boul’Mich’ débutera d’ailleurs sous l’appellation de boulevard de Sébastopol rive gauche avant de devenir Saint-Michel en 1867. Notons donc au passage que nous aurons échappé à faire le Sébasto pour illustrer les mains baladeuses en vadrouille.
Au long de ses mille trois cent quatre vingt mètres que certains envisageront de prolonger jusqu’à la mer (mais ceci est une autre histoire pourtant véridique), la perspective nouvelle voit donc apparaître les Michelins qui durent se comporter de manière quelque peu cavalière pour donner ainsi leur nom à la caresse subreptice.
Acquérir une réputation se terminant en expression exige en effet que plus d’une belle se soit trouvée dérangée. Nous ne disposons cependant d’aucune statistique permettant de quantifier les pétrissages en règle qui donnèrent faire le Michelin. Nous affirmons en revanche que faire le Michelin connut son heure de gloire puisqu’une dizaine d’années après la percée de Saint-Mich’ c’était celle du métropolitain de Fulgence Bienvenüe qui attirait les foules, et immanquablement les peloteurs indécents.
C’est la publicité qui envoya faire le Michelin pétrir au suranné. Non pas celle faite à ses agissements vicelards mais celle de son homonyme Clermontois qui dès le début du XXᵉ siècle envahit les pages de la presse, les murs des garages de France, les guides, les cartes… Avec le progrès commercial et le succès du caoutchouc, faire le Michelin perd son sens tandis que Bibendum conquiert le monde.
Dans le métro moderne où la Parisienne se presse désormais, le frotteur se frotte les mains (et tout le reste). Il va pouvoir œuvrer dans l’ombre sans subir le reproche de faire le Michelin.
Quand les mots s’oublient, les baffes se perdent.