[fèr sô pèrsi] (périph. petro. crisp. ASSAIS.)
Deux chapelles s’écharpent autour du petroselinim crispum, et ça ne se passe pas en cuisine. L’une est adepte du mouvement pour définir faire son persil, l’autre est au contraire favorable à l’immobilité dans son explication de texte.
Pour les tenants du premier sens, faire son persil signifie faire les cent pas, et plus précisément les faire en aller et retour sur un morceau attribué du trottoir d’un quartier mal famé. Faire son persil définit dans ce cas l’action de la persilleuse recherchant le micheton.
Faire son persil n’est cependant pas exclusivement réservé à la travailleuse du sexe, l’hétaïre en recherche d’un beau parti pour assurer son avenir étant elle aussi désignée de la même manière : elle fait son persil. Mais cette dernière fera son persil en position assise, le pigeon se mouvant : c’est la deuxième chapelle, plus respectable en apparence.
Dans les deux cas on notera cette volonté de se faire remarquer par le chaland à des fins d’échanges de fluides et plus si affinités.
Même si l’explication est tentante, faire son persil n’a pas de rapport prouvé avec la même plante sortant du cabas. Ce qui est bien dommage, mais n’insistons pas.
Il est beaucoup plus probable que l’expression ait trouvé son origine dans les terrains herborisés où pouvait se conclure la transaction persillée, bien qu’aller aux fraises soit déjà disponible pour décrire la bagatelle de plein air. On ne boudera pas pour autant notre plaisir à l’utilisation du persil en synonyme de fraise, les deux pouvant même s’accommoder au sein d’une assiette créative (mais ceci est une autre histoire au demeurant délicieuse).
Il est étrange de constater que les deux acceptions trouvent finalement un terrain d’entente (au sens propre) dans le lieu d’exercice de la persillade en question. À Paris par exemple, le bois de Boulogne permet depuis toujours (ou presque) de faire son persil et de faire son persil. Aux professionnelles les sombres parties du bois et aux élégantes le Tir aux Pigeons¹ de la pelouse de Madrid. À quelques dizaines de mètres de distance deux persils se cultivent, et toujours cette simple différence : assis ou debout.
Faire son persil disparaîtra, boutée hors du langage par les investissement publicitaires massifs d’Unilever, géant du propre qui commercialise une lessive homonyme, Persil®.
La multinationale anglo-néerlandaise, ne pouvant en effet tolérer qu’une source de profits soit mise en porte-à-faux par les élucubrations de la langue française (qui achèterait une lessive lubrique ?), écrase faire son persil sous des tonnes de perborate et silicate (per-sil).
Avec Persil® au savon de Marseille, la langue est propre, en quelque sorte.
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