[fèskajé] (n.comp. SCRIPT.)
Halte-là les coquins attirés par le titre de cette définition que vous vouliez croire enjôleur. N’imaginez pas un instant retrouver en ces lignes les frissons d’un Paris-Las Vegas, d’un Lui ou d’un Playboy.
Le dictionnaire raisonné des mots surannés et expressions désuètes est une entreprise qui se contente de dévoiler les dessous des mots, pas ceux des donzelles¹.
Si vous pensiez apercevoir dans fesse-cahier le moindre morceau de chair, la naissance d’un sein, l’ombre d’une jarretière, vous en serez pour vos frais. Pas de coup de chaud, il n’est dans fesse-cahier aucune grivoiserie puisque la seule chose que sache faire celui qui en porte le titre c’est pisser la copie. Et nullement pour la gloire : il le fait pour un autre.
Contrairement à ce que peut laisser entendre à l’esprit obsédé la première partie de son nom composé, fesse-cahier ne peut rien divulguer à tous les passants puisqu’il écrit en lieu et place d’une célébrité qui peine, elle, à aligner les mots. La sommité se contentera de poser son séant (qui est parfois la source de sa notoriété, mais ceci est une autre histoire) pendant que le fesse-cahier mignotera le participe passé, chatouillera la syntaxe, caressera la grammaire.
S’il est vieux comme le scribe gravant ses hiéroglyphes, fesse-cahier doit vraisemblablement sa polissonne construction à la fesse qu’il faut se magner quand il est nécessaire d’aller vite. Pour ce qui est du cahier, vous aurez bien compris qu’il est le réceptacle nécessaire au recueil de tous les épanchements de la star adulée. Alors le fesse-cahier gratte, gratte et gratte encore parce que les pensées d’une starlette télé-réaliste ne sauraient se dérober au monde plus longtemps.
Envoyé faire pénitence en surannéité par les mêmes précieuses ridicules qui affichaient en parures leurs bijoux de famille et passaient leurs journées à jouer de la mandoline (celles-là mêmes qui mettaient le petit Jésus dans la crèche avec la plus grande dévotion), fesse-cahier disparut pour laisser place à un synonyme plus en cour.
On se mit à dire de l’écrivain anonyme qu’il était donc un nègre.
Las, les descendants modernes des censeurs qui avaient bouté fesse-cahier hors de la langue lui firent subir le même sort. Il ne nous appartient pas de dire si c’est à tort. Nous tenterons ici en revanche de poétiser en proposant d’utiliser l’ami Pierrot, puisque c’est bien ainsi qu’on surnomme celui qui prête sa plume.
Encore que d’aucuns arguent qu’Au clair de la lune soit en réalité une chanson coquine. Nous n’en sortirons donc jamais !