[fʁɑ̃ʃiʁ lə ʁybikɔ̃] (exp. HIST.)
49 avant JC, c’est vous dire si c’est suranné. Alea jacta est, c’est vous dire si c’est historique. J’aime franchir le Rubicon car elle relève d’une attitude volontaire et conquérante, d’une folie bien réfléchie (enfin autant qu’elle puisse l’être), d’un refus du déterminisme divin ou d’ailleurs, d’un risque pris avec tout ce qui pourra être ou ne pas être. Pisse-vinaigre s’abstenir, bien entendu, et vous savez combien je les chéris.
Franchir le Rubicon c’est se jeter à l’eau, même si au vu de la largeur du cours, Jules ne dut guère se mouiller les spartiates pour passer sur l’autre rive. Franchir le Rubicon c’est avancer vers son destin, coûte que coûte, parce qu’on y croit et surtout parce que ne pas le franchir serait finalement pire. J’ai toujours aimé la marque irréversible de cette frontière imaginaire. Je crois que l’expression même me berçait déjà de sa musique conquérante quand j’en étais encore à faire mes humanités¹ (sans convictions, je vous rassure). Franchir le Rubicon était déjà un but.
Toi qui me lis², franchis ce ruisseau avorton qui t’éloigne de tes rêves et de tes désirs. Ne laisse pas des Pompée de bas étage t’interdire d’y accéder, sois suranné(e). Balaie d’un revers méprisant leurs interdits et conventions : franchis le Rubicon, on est si bien de l’autre côté.