[frèr Zak] (n. pr. SEX.)
Selon une étude menée par le Dictionnaire raisonné des mots surannés et expressions désuètes, et ce bien que les preuves écrites de la thèse osée que nous avançons ci-dessous soient minces, il est plus que vraisemblable que frère Jacques fut un jour synonyme de Popaul.
Oui, la nouvelle est d’importance car elle peut modifier la candeur primesautière qui vous anime encore lorsque vous entonnez en canon cette comptine du XVIIIᵉ qui vous fait demander à frère Jacques s’il dort et intime de sonner les matines, ding-dingue-dong. Avec une telle acception le sommeil du frère Jacques en question et l’allégorie des matines ding-dingue-dong ne résonnent déjà plus de la même manière, convenons-en.
Même si la littérature est avare d’explications, se contentant de nous livrer en synonyme de vit du « petit frère » ou « Charles le chauve » en sus du diminutif familier de Paul susnommé (notez tout de même une certaine proximité prénominale ou fraternelle avec ce qui nous occupe ici), l’existence de frère Jacques est avérée dans certaines régions de France¹ que nous ne saurions citer sous peine de stigmatiser des lieux charriant une réputation déjà lourde en matière d’expressions et de mœurs.
Force est de constater que le brillant théoricien des harmonies Jean-Philippe Rameau (1683-1764) n’a jamais admis être l’auteur des quatre lignes que des milliers d’enfants entendent depuis les temps les plus surannés pour accompagner leur sommeil², ces réticences servant le mystère d’un frère Jacques un peu honteux d’équivaloir un ithyphalle dyonisiaque. Il est vrai que cela ferait tache aux côtés des Indes galantes et d’un ensemble d’œuvres pour clavecin dignes des plus grands.
Alors que l’on sait à coup sûr qu’Au clair de la lune n’est pas si clair que ça quant à sa chandelle morte, et que Nous n’irons plus au bois cache une histoire de filles de joie et de maisons les accueillant pour officier, frère Jacques n’a jamais souhaité révéler publiquement les turpitudes qui perturbent son sommeil. Doit-on y lire une sourde manigance du clergé ? Ou une volonté de préserver l’innocence ? La question reste posée.
Frère Jacques en indigne synonyme restera donc suranné, enfoui depuis plus de trois siècle parmi les secrets les mieux gardés d’un langage que seul votre Dictionnaire raisonné des mots surannés et expressions désuètes sait révéler.