[ɡalyʁɛ̃] (n. m. POP.)
Tout en ce galurin est suranné. Son nom d’abord, son port ensuite.
Attaquons-nous au nom : le dernier à l’avoir prononcé (qui plus est sous sa forme abrégée de galu) est ce brave Alexandre-Benoît Bérurier¹, le recherchant après quelque bagarre ou partie de jambes-en-l’air, c’est en tout cas vous dire si ça date. Depuis, nul être aux esgourdes ouvertes n’a décemment pu entendre prononcer ce terme. Attention, ne vous laissez pas abuser par la proximité sonore facile d’un gai-luron, d’un gros surin ou d’un gras lapin (ok, ok, là je suis limite²). Non vraiment, galurin n’est plus en verve depuis fort loin.
Ordoncques, son port lui viendrait-il en aide ?
Que nenni mon bon ami.
Le galurin ne couvre plus le chef depuis tout aussi long. Désormais le moderne chemine tête nue, promouvant pour certains la créativité capillaire au rang d’apparat mondain ou de signe d’appartenance³. Le galurin a disparu aussi chez les représentants de l’autorité quelle qu’elle soit, et c’est bien là un triste aveux car il en était un garant : le militaire et son képi, le garde champêtre et son bicorne, le policier et sa casquette, le poinçonneur des Lilas et sa visière. Tous se prêtent désormais plus ou moins au grand jeu de la mode échevelée et de la calvitie apparente.
Et pourtant le galurin impose. Il oblige ce faisant son porteur au maintien d’une attitude voire même d’une dignité.
J’en veux pour preuve qu’on ne le trouve plus guère aujourd’hui que dans les travées ampoulées du stade Roland Garros quand le soleil de juin nous contraint à rougir par plaisir de voir rebondir une balle jaune sur une terre ocre. Je sais c’est triste, moi non plus je n’aime pas les zoos et le spectacle de tous ces galurins qui se balancent de droite à gauche au même rythme lancinant a quelque chose de fin d’un monde.
Avec le galurin c’est aussi une espèce qui disparaît.