[ɡarde Sâpètr] (n. comp. masc. MARÉCH.)
On n’est pas loin du plus vieux métier du monde avec le mot suranné que voilà. Plus de mille ans qu’il règne dans nos campagne d’en France, guettant le maraudeur qui viendrait ruiner la moisson, pourchassant le chapardeur des raisins de la vigne, effrayant le chasseur qui chasse sans son chien tout en sachant qu’il ne le devrait pas, permettant au pêcheur de taquiner la truite et le goujon. C’est que le garde champêtre remonte au Moyen-Âge mes braves amis. Et si vous ne le croisez plus c’est parce qu’en devenant citadins vous l’avez renvoyé en surannéité.
Pourtant souvenez-vous de ces vacances à la campagne, on lui chantait sa chanson préférée (bien cachés derrière le portail hein, courageux mais pas téméraires) :
🎼🎶 Le garde champêtre, qui pue qui pète, qui prend son cul pour une trompette🎶
Oh ça va, ne faites pas les outrés, vous l’avez chantée celle-ci vous aussi. Et puis c’était le fils de la ferme d’à côté qui nous l’avait apprise.
Ce brave représentant de l’ordre rural, héritier des messor, messium cusios, et autre mésségué, dénommé garde champêtre depuis le mois de messidor de l’An III, ce qui fait tout de même un bail, ne semblait que très peu bouleversé par nos rimes il est vrai pas très riches. Ce n’était cependant point la noblesse de sa tâche et le port optionnel du képi qui le rendaient imperméable aux quolibets mais vraisemblablement nettement plus l’abus d’une convivialité alcoolisée à 50° avec les bouilleurs de cru locaux au rang desquels il me faut bien ranger mon grand-père. Oui, l’ancêtre distillait avec ce fascinant alambic caché en fond de grange une eau de vie dont on peine à comprendre le nom tant elle menait droit au trou ceux qui en goutaient trop.
J’ai compris sur le tard que le coquin avait sympathisé avec le garde champêtre pour braconner tranquillement la nuit venue et pêcher quelques brochets sans se fader le très administratif et au demeurant obligatoire permis pour accomplir cette tâche. Mais qui pourrait lui en vouloir ? Pas moi qui mangeait la friture, et pas le garde champêtre qui oubliait bien vite à grandes lampées du breuvage interdit.
On a retrouvé le garde champêtre gelé dans un fossé un beau matin d’hiver. Le bougre avait trop bu et s’était endormi au creux de cette campagne qu’il gardait tant bien que mal. Il y repose en paix, je suis certain qu’il est heureux. À quelques concessions de lui, celui qui captura le plus gros brochet jamais vu dans le coin. Je le sais, j’étais avec mon papet cette nuit là.
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