[ɡɔdlyʁo] (n. m. FAM.)
Des fois j’ai une tendresse pour un mot suranné plus prononcée que pour un autre. Va savoir pourquoi j’aime bien ce godelureau qui n’est pourtant qu’un crâneur faisant ses cabrioles au demeurant grotesques devant les filles. En plus l’insolent les fait rire avec ses manières à lure-lure.
Bellâtre sûr de lui à la mise élégante, le godelureau est le cauchemar du grisâtre, du sans-grade, du timide, du discret, du commun, du normal. Il a la gueule belle et grande, et la montre et l’ouvre dans un cas et dans l’autre. Et s’il mérite des baffes il récolte des louanges voire souvent des baisers. C’est un drôle de loustic, pas méchant pour deux sous mais Don Juan éreintant.
En vieillissant le godelureau finira en vieux beau, un peu plus accablé par ceux qu’il aura malgré lui humiliés à force de trop se pavaner. Alors rien ne lui sera pardonné : les rancœurs ressurgiront, depuis les tréfonds de la cour de récré où il avait bafoué l’amour secret que le premier de la classe portait à cette jolie blondinette à couettes, jusqu’aux dernières parades mondaines où en trois anecdotes savamment racontées il s’était rendu si charmant auprès d’une beauté mal mariée. Le godelureau finira solitaire, lui qui aimait tant la compagnie.
Godelureau, toi qui es suranné, ma table t’es ouverte. Tu ne peux pas survivre en cette époque je te l’assure. Viens on va déboucher des bons vins, on se racontera des histoires qu’on aura inventées ou vécues, peu importe, on profitera du soleil pour se hâler le teint, il nous faut bien ça désormais pour prétendre faire les malins.
🎼🎶Être une heure, une heure seulement
Être une heure, une heure quelquefois
Être une heure, rien qu’une heure durant
Beau, beau, beau et con à la fois🎶🎶
2 comments for “Godelureau [ɡɔdlyʁo]”