[Zanfès] (n. masc. Q.)
La subtilité est du suranné. Complexe à maîtriser cependant, elle ne s’offre pas au premier venu qui prendra par exemple un Jean pour un autre en mélangeant allègrement les différentes acceptions selon que le Jean en question sera gros-comme-devant, foutre ou bien encore bout-d’homme ou peuple¹ (le mélange des Jean est une erreur classique pour le moderne).
Si avez bien lu Jean-foutre, vous savez de quoi il en ressort pour ce qui est de la bassesse et de l’étroitesse d’esprit. Il existe cependant des degrés du mépris à porter aux médiocres. Et il convient de bien travailler chaque échelon afin d’appeler un con un con et un poltron un poltron. Il y a de la nuance dans tout ça. Suivez-moi.
Jean-fesse que nous regardons avec plaisir en ces paragraphes est l’un de ces degrés inférieurs au Jean-foutre. Là où l’un était mauvais à tout, l’autre est un ramier, un fainéant, un avare de l’effort. Le Jean-fesse demeure assis sur son séant car c’est ainsi qu’il se sent à son aise. Et s’il ne se remue pas le popotin c’est aussi qu’il est pleutre en plus d’être tire-au-flanc. Jean-fesse cumule les tares et mériterait qu’on lui botte l’arrière-train.
Remarquons que Jean-fesse n’en a qu’une, évitant soigneusement ce pluriel qui aurait transformé tout regard réprobateur en œillade concupiscente et fait d’une expression vilaine un sous-entendu affriolant. Mais qu’entre fesse et fesses il y ait un peu plus que la marque d’un « s » n’est pas ce qui occupe Jean-fesse, puisqu’il n’aspire à rien, pas même à en faire une histoire.
En des temps plus modernes Jean-fesse, qui était déjà du registre populaire, devint branleur, se rapprochant ce faisant du Jean-foutre. Il y perdit toute subtilité et donc tout caractère suranné. Jean-fesse fut oublié, fesses pris ses aises avec son « s » et devint même l’enjeu de une des magazines, féminins pour les uns, masculins pour les autres.
Peut-on vraiment s’en plaindre ?