[Zwé a labé de moɡuvèrn] (loc. verb. STRIP.)
Avant que l’effeuillage ne trouve son excellence dans la pratique de Rita Renoir, Carol Doda, Gypsy Rose Lee ou autre Lili St-Cyr, saviez-vous qu’il fut un jeu d’enfant de chœur ?Si l’on en croit jouer à l’abbé de Maugouverne bien sûr, expression évoquant un jeu puéril consistant à se déshabiller peu à peu. Facile a priori.
La dénomination ecclésiastique donnée à un divertissement d’enfants ôtant leurs vêtements pourrait alerter. À tort pour une fois puisque l’abbaye de Maugouverne est une société carnavalesque parmi d’autres, de ces troupes de coquins prenant plaisir à moquer l’ordre établi et ses puissants, notamment pendant la période de réjouissances dont elles sont les reines.
Il semble donc que ces trublions aient inventé un amusement quelconque qui aboutit à se retrouver presque nu comme un vers (sans que l’on sache si c’est le gagnant ou le perdant qui se retrouve en slip kangourou) et que ce loisir récréatif soit devenu jouer à l’abbé de Maugouverne.
Ne souhaitant pas passer pour des rigolos promouvant la gaudriole et le contre-pouvoir, de savants définisseurs de dictionnaires attribuent jouer à l’abbé de Maugouverne à un patron de monastère dilapidant les biens de sa communauté sans jamais donner plus de précisions. La thèse est séduisante mais aucune cartographie ne situe ladite abbaye et aucun registre ne mentionne le mitré aux poches percées. Ce qui est un peu léger, convenons-en.
Quoi qu’il en soit, jouer à l’abbé de Maugouverne serait devenu synonyme de prodigalité, qu’il nous vienne d’un flambeur tonsuré ou d’une bande d’insidieux festivaliers en goguette.
Jouer à l’abbé de Maugouverne coulait ainsi des jours paisibles, soutenant gaillardement les dévêtements ludiques et innocents des garnements en culottes courtes, quand un concile pontifical pontifia que ladite expression nuisait à l’image de l’Église et que les seuls jeunes gens dévêtus dans son domaine étaient les ignudi de la chapelle Sixtine et patati et patata, et pas de ça chez nous etc.
Cédant aux imprécations des bigots rameutés par les prestolets, les adultes modernes consentirent à empêcher les poulbots, minots, gones et drôles de jouer à l’abbé de Maugouverne et firent conséquemment disparaître l’expression¹.