[la kaZ a ékyrëj] (n. comp. JARD.)
Bien entendu il y eut des plaies, évidemment il y eut des bosses. Des incisives brisées aussi et quelques radius ou cubitus à plâtrer pour bien les ressouder¹.
Mais aurait-il été possible de grimper chaque été dans le chêne pour y faire une cabane ou dans le cerisier du voisin pour s’y faire péter la sous-ventrière sans cet entraînement intensif sur la cage à écureuil du jardin public ? Et nos parents, auraient-ils pu supporter notre dynamisme sans la cage à écureuil ?
C’est qu’il en fallait de la souplesse et des abdominaux pour se faufiler dans les creux de ses cubes entassés en une quasi pyramide (déterminant au passage qui était le chef du bac à sable puisqu’il n’y avait qu’une place à son sommet). La cage à écureuil n’est pas agrès à la portée du premier rigolo venu.
La cage à écureuil c’est l’école de la vie, avec ses pièges, ses chemins détournés, ses rencontres au détour d’une arête glissante, ses gamelles, ses montées et ses descentes, et ce moment où maman te rappelle parce qu’il est l’heure de rentrer et que même si-tu-t’amuses-super-bien-avec-tes-copains-c’est-non-parce-que-demain-il-y-a école…
Parfois dénommée cage à poules, probablement par des benêts louant les capacités des gallinacés à l’escalade², la cage à écureuil forma plus d’une génération grâce à ses allégoriques tubes ferreux³, à tel point que jugeant ce degré d’habileté subversif, certains décidèrent d’y mettre fin.
Le décret n°94-699 du 10 août 1994 fixant les exigences de sécurité relatives aux équipements d’aires collectives de jeux envoya la cage à écureuil au rancart. Avec ses exigences de raccords devant pouvoir résister aux contraintes auxquels ils sont soumis lors de leur utilisation, avec ses matériaux employés devant avoir une durée de vie tenant compte de la spécificité des aires collectives de jeux, en particulier des processus de fatigue, de vieillissement, de corrosion et d’usure, avec ses angles et ouvertures au voisinage des zones dans lesquelles des mouvements incontrôlés du corps sont prévisibles ne devant pas présenter de risque d’accrochage ou de coincement des parties du corps ou des vêtements, ce texte ne pouvait que la rendre surannée.
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