[la fɛt a nœnø] (exp. FAM.)
Lorsque la France était un Empire dirigé d’une main de fer par un Empereur, Napoléon 1er, en ces temps pas si lointains mais désormais surannés, un beau jour de 10 juin 1815, le chef en question décréta impérialement « qu’il sera établi dans la commune de Neuilly, arrondissement de Saint-Denis, département de la Seine, une foire annuelle pour la vente des marchandises de toute espèce; cette foire durera depuis le 24 juin jusqu’au 2 juillet inclusivement ».
Et paf, le Comte Boulay nous certifiait conforme le décret impérial créant la fête à neuneu.
Ainsi, jusqu’en 1935, une foule bigarrée et élégante se pressa-t-elle au milieu des boutiques en tous genres, vantant mille remèdes miracles, mirlitons, sucre d’orge, tournant à qui mieux mieux sur les chevaux de bois, mangeant, chantant, dansant, paradant sur les bas-côtés de l’avenue de Neuilly depuis la Porte Maillot jusqu’au pont de Neuilly. Un bien joyeux foutoir en vérité dont la postérité n’a conservé que ce dérèglement.
Car désormais la fête à neuneu c’est le bazar, le souk, le capharnaüm, le désordre, le fourbi, le chahut, le bordel, le bric-à-brac, le bastringue. Au propre et au figuré. La fête à neuneu s’emploie tout autant pour décrire la qualité colorielle de la dernière collection Desigual que le rangement d’une chambre d’enfant, la cuisine après que j’ai décidé de faire une tarte ou encore l’Album zutique et ses poèmes écrits sous delirium tremens.
La canaille commerciale a bien cherché à nous la refourguer mais l’ambiance n’y est plus. La fête à neuneu, la vraie, a disparu en surannéité et c’est tant mieux.