[la ʒava] (n. f. MUS.)
La java est tellement surannée que les générations geek nées après la terrible année 1968 n’y entendent qu’un langage informatique, d’ailleurs au genre masculin (satanée société patriarcale), et non la danse qui fit tourner sur les parquets deux générations qui les avaient précédées. Et pourtant… En effet, jeunes gens de peu de foi, il fut un temps où pour emballer au bal populaire, la java était une forme d’expression corporelle aussi efficace dans l’atteinte de son objectif que l’est devenu l’insipide slow pour la génération suivante.Le caractère définitivement suranné de la java s’estime à l’aune de l’impossibilité pour nous d’imaginer des couples se former en dansant sur «La plus bath des javas» il y a bientôt cent ans aussi sûrement que sur une « note » de David Guetta aujourd’hui¹. Souvenir inconnu d’un temps où l’on chantait sur un air de java quand, tout en se tapant une petite belote, tout allait pour le mieux dans notre beau pays.
Certains oiseaux de mauvais augure avaient prédit la disparition de la java, tel Claude Nougaro analysant qu’elle s’en allait dans la rue en écrasant sa Gauloise quand le jazz était là, ruinant ainsi les efforts précédents d’un Boris Vian pour la promotion du rayonnement nucléaire à la française au rythme endiablé d’une java dite des bombes atomiques.
Les efforts remarqués de Michel Sardou, qui n’était pas encore suranné, à la fin des années soixante-dix, pour promouvoir la java de Broadway n’y ont rien fait : aujourd’hui, la java est cette grande inconnue de notre patrimoine musical du musette, dont seuls quelques accordéonistes de métro ou de maison de retraite assurent encore la promotion à un public indifférent ou lui-même largement suranné.
🎼🎶Quand on fait la java, le sam’di à Broadway,
Ça swingue comme à Meudon🎶
On s’défonce, on y va : pas besoin d’Beaujolais
Quand on a du Bourbon🎶
🎶C’est peut-être pas la vraie de vraie,
La java de Broadway,
Oui mais c’est elle qui plaît🎶
N’oublions pas de conclure en maudissant les usurpateurs, tels les auteurs de «La Java bleue», une valse traîtresse, ou encore de «La Javanaise», qui n’est une java que pour les imbéciles rédacteurs de Wikipedia, petit site prétentieux et sans âme qui ne saura jamais apprécier à sa juste mesure le caractère suranné des mots et des danses.