[la tuʁne de ɡʁɑ̃dsdyk] (exp. fest. NOBL.)
Faisant généralement l’objet d’une annonce à qui veut bien l’entendre dans le canton, la tournée des grands-ducs est un de ces instants festifs dont on reparlera dans l’année qui suivra, tout en sous-entendu bien entendu.
Strictement réservée aux flambeurs, aux dandys, aux perdus corps et âmes de tout crin, la tournée des grands-ducs n’est pas dimensionnée pour le gendre idéal, le gentil mari ou le cadre intermédiaire à PEL incorporé.
Parce que ça va chauffer, parce que ça va bâfrer, ça va picoler et du joli Château et du millésimé, et si ça se trouve ça reluquera du jupon. Sans jamais y toucher !
Je tiens à préciser ici que la tournée des grands-ducs se joue entre vieux potes et ne saurait supporter l’irruption féminine propre à faire chanceler tout équilibre outrancier par définition instable. Seconde précision : un vieux pote peut-être féminin et prend dans ce cas précis une forme de femme avec laquelle on aura depuis belle lurette réglé toute velléité sexuelle (par consommation ou abandon, c’est selon).
Revenons à notre petite affaire. La meilleure tournée des grands-ducs qui soit ne se prépare pas. Elle se décide au défi, à la grande gueule, sur un pari perdu, sur un gant relevé. Elle pourra a posteriori se justifier par une date anniversaire quelconque, un truc unique qui n’arrive pas deux fois dans la vie, enfin une excuse bidon du niveau de celle que vous donniez à votre professeur pour n’avoir pas réalisé la dissertation exigée ou pour tenter d’expliquer une absence indue.
Je ne saurais en révéler plus ici même, les convives comptant sur la discrétion des témoins et autres participants quant au déroulement des amusements.
Qu’il me soit permis néanmoins de préciser la qualification en grand-duché : a priori rien à voir avec le Luxembourg terre de banquiers secrets et de coffre-forts muets où l’on doit rigoler une fois par an, quand on reçoit une demande de précision d’un transfert du fisc français. Non, l’expression rend tout simplement hommage à la noblesse russe qui venait cultiver son français et boire du champagne dans les chaussures des danseuses de cabaret dans un siècle pas si lointain mais déjà suranné.
Enfin tout ça c’est ce qui se raconte et que je me contente de modestement colporter.