[léz- animo dy môd] (n. émis. TV.)
Pom pom pom pom, pom pom pom pom pom pom pom, pom pom pom pom pom, pom pom pom pom pom…
C’est grâce à Daniel Faure et Jean Musy, compositeurs talentueux, et à François de la Grange journaliste et producteur amoureux des animaux que pom pom pom pom¹ résonnent encore dans quelques mémoires surannées.
Associées aux pingouins sur leur banquise, à l’ours blanc rieur, au phoque bêlant, au toucan impavide, au lion paisible, à la girafe intriguée par ce rhinocéros violet, à l’éléphant, au tigre, au chameau rigolo, au crocodile malin et au castor agité, ces onomatopées font – en ces années où le noir et blanc est encore la norme télévisuelle – Les Animaux du monde.
Apparue sur la deuxième chaîne de l’ORTF en janvier 1969 (sans les pom pom pom pom mais sur du Quincy Jones tout de même, excusez du peu), Les Animaux du monde est une émission télévisée qui fait découvrir aux petits téléspectateurs les marsupiaux, les bébés phoques, les chiens de berger, les hyènes, les orangs-outans et les gibbons, les lémuriens, les taureaux camarguais, les tigres du Bengale, et toutes les bestioles qu’on ne voit pas chez mamie à la campagne en été ou au Salon de l’agriculture en hiver.
Ami djeuns’, toi pour qui le quotidien connecté est surpeuplé de pandas roulant-boulant sur des musiques de cirque et de chatons agités à liker, sache que dans Les Animaux du Monde on ne fait pas dans l’esclaffement : le ton est scientifique et vulgarisateur, on est habillé à la ville quand on est en plateau et façon Daktari lorsque le reportage est tourné dans la lointaine et mystérieuse Afrique.
Mais ça ne va pas durer.
Après la privatisation de TF1 qui diffuse l’émission, l’extraordinaire incapacité de l’ours blanc à s’adapter au monde moderne, la face réactionnaire de l’orang-outan refusant de partager l’huile de ses palmiers, l’égoïsme des bébés phoques préférant conserver leur fourrure pour que l’on continue à se peler l’oignon rue de la Pompe ou boulevard Saint Germain, éclatent à la face du monde.
Ce pourquoi Les Animaux du monde filent immédiatement en surannéité², bannis. C’est qui le patron ? C’est qui au sommet de la pyramide ?
Le 29 avril 1990 on fredonne officiellement pour une dernière fois le pom pom pom pom, pom pom pom pom pom pom pom, pom pom pom pom pom, pom pom pom pom pom du générique³.