[le bulextères] (Argot. PANAM.)
Le hâtif en besogne se pâmera. Qu’on lui présente des sels pour qu’il recouvre ses esprits, il n’est nullement question d’avoir les cartouchières plus longues que le fusil quand on parle de boulexters.
Aussi tentant que cela puisse s’avérer, non, mille fois non, les boulexters ne sont pas des gonades se baladant hors de leur slip kangourou préféré. Le baron Haussmann qui créa ces boulevards extérieurs dont il est question par apocope n’était pas du genre à faire dans l’indélicat quand il s’agissait de la langue (le bonhomme penchant plutôt vers l’hygiénisme). Pas de boules en extérieur donc, et honni soit qui mal y pense comme on dit dans le très noble ordre de la Jarretière.
Pas de boules en extérieur donc, et honni soit qui mal y pense
Avant que le Préfet de la Seine ne se mette en tête d’encercler Paris des noms de Soult, Mortier, Gouvion-Saint-Cyr, Murat, Masséna et toute la clique (dix-neuf au total), c’était une rue Militaire qui ceinturait la capitale et personne n’aurait eu l’idée de dénommer boulevard la dizaine de mètres de large de la voie. Il faudra donc patienter jusqu’en 1864 et l’œuvre bâtisseuse de Georges Eugène pour que les boulexters viennent traduire en populo les Maréchaux nettement trop aristos.
C’est que malgré la majesté des blazes et la poigne qui en découle, les boulexters sont mal famés et la gagneuse y tient commerce autant qu’à Breda Street.
On est loin du beau paraître des Grands Boulevards où le bourgeois se pavane le dimanche. Sur les extérieurs c’est la grisette qui déambule et le barbeau qui fait la loi. Ça défouraille quand ça branle dans le manche et ça joue du surin en cas de désaccord. En ce temps là on ne fréquente les boulexters que pour s’enfiler une Suissesse chez la mère Phosphore et pas pour éviter le périf’ qui est encore bouché entre la Porte d’Auteuil et la Porte d’Orléans¹. Conséquemment on n’y cause pas trop prude.
L’apaisement urbain voulu par les édiles modernes éteindra par rebond l’expression familière. Les boulexters disparaitront tandis que les noisetiers de Byzance et les magnolias de Kobé viendront surplomber de nouvelles voies rendues carrossables aux vélocipédistes urbains. Calamistrés qu’ils sont, ils ne sauraient jacter comme les Titis d’antan.
¹Il faudra attendre 1973 et la construction dudit périphérique pour qu’il soit encombré.
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