[lé dwa dâ le né] (gr. nom. FACIL.)
Il est des expressions qui se chantent plutôt qu’elles ne se disent, c’est ainsi. Celle qui suit forme une rime qui répond à la satisfaction enjouée d’une victoire, généralement sportive, souvent footballistique, et se clame haut et fort pour célébrer les héros que nous sommes alors (il faut être impliqué dans la gloire pour pouvoir la chanter).On a gagné, les doigts dans le nez, deux vers qui se savourent et se répètent à l’infini, avec de légères variations de ton, jusqu’à ce que le conducteur du car qui nous reconduit sur nos terres (c’était une victoire à l’extérieur) exige un silence qui sera alors troublé par le fameux chauffeur si t’es champion appuie sur l’champignon qui lui fera regretter le couplet du succès.
On a gagné les doigts dans le nez est donc à l’origine du plus concis les doigts dans le nez utilisé tel quel, qui jauge toute bonne fortune y compris hors cadre sportif. On peut ainsi réussir son bachot les doigts dans le nez, passer une épreuve de vie qui s’annonçait difficile les doigts dans le nez, ou encore obtenir les doigts dans le nez l’accord d’une jolie blonde pour l’inviter à dîner (il sera dans ce cas précis absolument nécessaire de ne pas passer du sens figuré au sens propre, décrocher ses tableaux lors d’un premier rendez-vous s’avérant rédhibitoire).
Inutile de préciser que les doigts dans le nez est bien évidemment une figure de rhétorique, antithèse passant la thèse sous silence, aucun trophée ne s’acquérant en se curant les fosses nasales (à l’exception de celui de mucus séché qui s’obtient précisément en se fourrant les doigts dans le nez, mais ceci est une autre histoire).
Les doigts dans le nez entend tout simplement marquer l’extrême facilité de l’action nécessaire à l’obtention du résultat, avec une once de hâblerie¹ puisque réussir quoi que ce soit avec des doigts enfoncés dans le nez est quasi impossible, ne serait-ce que par la difficulté à respirer que cela engendre.
Pour résumer le sens de la locution, on peut affirmer que quand on touche sa canette on réussit souvent les choses les doigts dans le nez.
Les doigts dans le nez rejoint brutalement le registre suranné le 8 juillet 1982. À Séville.
« Bonne balle de Platini pour Battiston ».
Schumacher. Choc. KO.
Ce jour là, l’Allemagne bat la France aux tirs aux buts, dans un match de demi-finale de coupe du monde de football que les Bleus s’apprêtaient à gagner les doigts dans le nez.
Et d’entonner on a perdu, les doigts dans le cul. Les doigts dans le nez ne s’en remettront pas.