[mariti é Zilbèr karpâtjé] (prod. TV.)
Aujourd’hui nous allons faire dans l’ORTF. Si ça c’est pas une époque surannée…
Les djeuns’ vous allez voir ce que c’est que la vraie variété du samedi soir et la fièvre qui va avec, les surannés vous allez pleurer parce que c’est votre enfance.
Préparez les mouchoirs, nous allons visiter le studio 17 des Buttes-Chaumont et rencontrer leur âme : je vous présente Maritie et Gilbert Carpentier.
Les prénoms de ce couple des années surannées sont indissociables l’un de l’autre (si je vous dis Marie-Thérèse Carpentier vous penserez certainement que je vous parle de ma boulangère et me snoberez alors de votre plus haut désintérêt) et plus encore Maritie et Gilbert sont liés pour l’éternité (unité de mesure commune du temps suranné) au samedi soir familial passé devant le poste de télévision. Noir et blanc qui plus est jusqu’au début des années 80, eh oui il m’a fallu quinze ans pour savoir que Casimir était orange, mais ceci est une autre histoire.
Dans ces années dont je vous parle on chante et variétise frrrançais madame le samedi soir et ma foi ce n’est nullement ringard contrairement à ce que la cabale moderniste voudra bien tenter de vous faire avaler dans les temps qui suivront.
Les chanteurs savent chanter et le font en direct avec un micro avec un câble. Ça croone¹, ça danse, ça tressaute, ça vocalise, ça a même l’œil qui frise quand c’est au tour de Sacha Distel de nous faire son Sacha Show; je vous le dis : il y a du talent. Maritie et Gilbert Carpentier sont aux manettes et écrits gros dans le générique de présentation et sans même que l’on connaisse leur visage leur présence nous rassure sur la qualité de ceux qui vont faire le spectacle.
Grâce à Maritie et Gilbert Carpentier on voit des filles en maillot de bain brillant² qui se trémoussent derrière un excité qui semble monté sur ressort, grâce à Maritie et Gilbert Carpentier on apprend à connaître Gainsbourg, Eddy Mitchell, Sacha Distel, Gilbert Bécaud et Claude Nougaro. Grâce à Maritie et Gilbert Carpentier Mireille Mathieu et Gene Kelly font un pas de deux et Johnny rencontre Nathalie Baye. Ursula Andress, blonde atomique, entre dans mon spectre féminin et n’en sortira plus. Maritie et Gilbert Carpentier sont les ordonnateurs des soirées réussies, mille fois plus efficaces que tous les Mon Chéri distribués aux réceptions de l’ambassadeur.
Maritie et Gilbert Carpentier s’en vont clopin-clopant à la fin des années 80. On est en pleine modernité et le suranné doit s’effacer. C’est la fin des variétés, Bernard Tapie nous hurle dans les oreilles qu’il a super envie de réussir sa vie³, on fait du rap désormais et la musique a une Fête très officielle voulue par un ministre tout feu tout flamme, alors la chanson d’amour vous pouvez vous la coller où vous voulez mais pas à la télé.
Quarante années plus tard des inconnus qui auraient dû le rester massacrent les textes de leurs aînés dans des spectacles sponsorisés au numéro de téléphone surtaxé. Il n’y a plus de samedis soirs et Maritie et Gilbert Carpentier sont partis pour de bon. Ils reposent au Paradis des surannés.
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