[mitɔnmitɛn] (expr. comp. VIEUX. FRANÇ.)
Miton-mitaine est à la base des composants nécessaires à l’obtention des effets placebo.
Je sais, d’entrée de jeu, ça envoie du rêve, j’suis comme ça.
Que ce soit en pharmacopée, en politique, en milieu professionnel, en amour, miton-mitaine vient onctueusement enrober le mièvre, le torve, le sans volonté et le sans effet.
Ni chaud, ni froid, ni efficace ni nuisible, ni pour ni contre, le miton-mitaine flotte dans ces eaux troubles et sans saveurs du pseudo-consensus, du mou, de l’indécis, du sans passion. Autant vous dire que malgré sa douceur de composition (mais si, il sonne doux ce mot suranné avec son miton qui passe pour un diminutif et son mitaine chaleureux) miton-mitaine n’emporte pas l’enthousiasme.
Avec son inoffensive intensité, miton-mitaine est IIIe République jusqu’au bout des ongles. Il en appelle au pas feutré des cénacles où l’on pérore, à la titraille façon Président du Conseil ou Sénateur inamovible¹, à Daladier et aux accords de Munich. Une époque qui sent l’encaustique et les tapis épais, les boiseries dorées et les toiles de maîtres sur la conquête coloniale. C’est pour ça qu’il est tant suranné.
En un mot comme en cent, miton-mitaine est un gentil cautère sur une jambe de bois, une non-solution qui permettra de repousser à plus tard l’instant de décision, un on-ne-sait-jamais-ça-va-peut-être-se-résoudre-tout-seul pas bien méchant mais pas très efficace non plus.
Je suis bien au regret, cher Miton-mitaine, de te faire savoir que tu fais partie des surannés que je n’aime pas croiser. Ta mollesse du genou m’énerve, ton apathie quiète et tiédasse m’irrite. Et si tu roules dans la farine tous ceux qui te regardent, moi je sais que tu n’es pas l’ombre d’une sagesse mais un brave imposteur. C’est ça : miton-mitaine, tu es bien brave.