[mô ky syr la kòmòd] (loc. rebel. JMENFOUT)
Les chercheurs datent de 1937 et du succès des trémolos de Jeanne Aubert, l’apparition dans le langage du quotidien de mon cul sur la commode.
🎶Certains se collent des pagnes
L’été pour prendre des bains,
D’autres vont à la montagne
Avec des tas d’bambins
Pour s’offrir des bains d’siège
D’autres vont se faire blanchir
Le derrière dans la neige
Histoire de s’rafraîchir
Pour éviter les frais,
Tout en suivant la mode,
Chez moi je prends le frais,
Le cul sur la commode🎶,
nous chantait donc Jeanne à qui on ne la faisait pas et qui savait appeler un chat un chat (la donzelle avait épousé un riche Américain qui entendait lui faire cesser ses activités de chanteuse de cabaret mais ne s’en laissait pas compter).
S’il est certain que la gouaille de titi de la belle n’est pas étrangère à l’expansion de l’expression d’une forme aboutie de je-m’en-foutisme voire de mépris bon ton, il est aussi probable que le fort des halles ployant sous les ballots ou le résistant refusant l’ordre du Maréchal, balançant du mon cul sur la commode en signe de rébellion, seront eux aussi des hérauts pratiquants de ce baba assis.
Pour éviter les frais,
Tout en suivant la mode,
Chez moi je prends le frais,
Le cul sur la commode
Notons que pour certains mon cul sur la commode fut employée pour la première fois par Marie-Thérèse d’Autriche comme cette dernière répondait à Louis XIV qui la priait d’assister à un pince-fesses quelconque, mais s’il est certain que la reine possédait une commode créée par André-Charles Boulle, il l’est en revanche nettement moins qu’elle se soit autorisé un tel langage, timide qu’elle était.
Même lorsqu’il atteint son firmament (vers 1960) mon cul sur la commode demeure du registre plébéien, le dargeot n’ayant rien à faire posé sur un meuble a priori destiné au rangement, à une époque où l’on ne pose déjà pas ses coudes sur la table et où l’on se tient droit sur sa chaise.
L’utilisation de mon cul sur la commode en guise de réponse à un surgé vaut par exemple quatre heures de colle et le pater familias s’avèrera peu commode en cas d’argument similaire dans une discussion sur la nécessité de réussir le bachot plutôt qu’une interprétation totalement nouvelle de Satisfaction¹.
Combattant farouchement la langue française et l’art de Boulle, le Suédois Ingvar Kamprad², grand vendeur de commodes répondant aux noms imprononçables de Målmø ou Küllen, sera le destructeur de mon cul sur la commode, le bougre s’étant vite aperçu que tout séant posé sur l’une de ses créations à bois tendre et vis superflues en causait l’écroulement.
Refusant de mettre en cause sa production bâclée mais rémunératrice, le magnat du meuble en kit fera interdire ce cul sur la commode au nom du respect de son design épuré.
Soutenu par des foules enthousiastes à l’idée de se perdre dans les allées de ses échoppes labyrinthiques, il finira par obtenir gain de cause et l’expression sera déclarée surannée.
Jeanne Aubert n’y survivra pas et s’éteindra en 1988, dans son lit cette fois.