[mu kòm ê sibarit] (loc. adv. BACCH.)
La légende urbaine (bien différente de l’historique, sérieuse quant à elle) raconte que la dyslexie spontanée et fou-riante générée par la dénomination des citoyens de Sybaris, entraîna la chute en désuétude de l’expression mou comme un Sybarite. Triste et risible à la fois fut donc le destin de cette historique comparaison.D’autant qu’en disparaissant elle laissera à la seule avoir les côtes en long la charge d’exprimer toute la fainéantise du monde : un trop lourd fardeau. Car la flemme et l’oisiveté ont besoin de plus d’une seule expression pour raconter leurs instants harassants.Il fut cependant une époque où l’art de ne pas en glander une était reconnu grâce à mou comme un Sybarite, belle formulation venue de Calabre et que la langue doit à un peuple grec (Συβαρίτης) quiet et jouisseur en tout.
Ces indolents qui n’en fichaient pas une rame cultivèrent si bien la flemme que leur gentilé finit par devenir la mesure de l’inactivité, servant au passage à chapitrer l’adolescent des années surannées (celui-là même rebelle à l’apprentissage des déclinaisons de rosa, rosaa, rosam, et réticent à l’idée d’une coupe de cheveux¹) ainsi accusé d’être mou comme un Sybarite par un professeur d’humanités un peu lassé par le côté lymphatique de l’humanité en question.
Il faut dire que le Sybarite était d’une telle réticence au travail que l’idée même de voir un autre s’y soumettre le fatiguait; c’est dire le niveau des bonhommes.
L’inversion malencontreuse de l’ordonnancement d’une partie des voyelles et consonnes par un malhabile métaphonologique mit le feu aux poudres. Nul ne sait vraiment si « mou comme un sire à bite » émergea lors d’un reproche trop vite formulé ou fut biffé en rouge rageur au pied d’un bulletin de notes de 3ᵉC, mais force est de constater que la formulation dyslexique renvoya mou comme un Sybarite dans les temps surannés dont elle était issue. On ne se relève pas d’un « sire à bite ».
Cette disparition permit à la start up nation d’émerger quelques années modernes plus tard, rendant impossible le moindre retour de la langueur et du jouir, mais ceci est une autre histoire.