[mus‿ é pâpr] (loc. Célin. DOUC.)
Il est de la délicatesse moult formes dans la langue française, celle-ci étant comme chacun sait l’expression du peuple le plus délectable que les temps aient connu, n’en déplaise au descendants de la reine aux bains de lait d’ânesse qui font la peau douce et autres gourous à maximes absconses et sirupeuses.
Au firmament de ces énonciations sensibles trône mousse et pampre, doublette affable voulue initialement par Louis-Ferdinand Céline dont on sait à la fois la facilité à user de la langue écrite et la propension à s’en servir sans l’avoir tournée sept fois dans sa bouche (un chemin en tous points semblables à celui de Michel Audiard, autre maître ès jactance des faubourgs qui mit mousse et pampre dans la bouche d’un de ses truculents interprètes flingueurs, cf. fig. A).
Mousse et pampre enrobe de douceurs indicibles celui qui s’en prévaut, sans qu’il en sache plus sur son sens que l’auditeur subjugué qui ne daignera même pas lui faire injure d’une demande en étymologie.
Qu’importe en effet que pampre soit une branche de vigne avec ses feuilles et ses grappes, et qu’avons-nous d’autre à faire que nous en tamponner le coquillard puisque son accord avec la douce mousse suffit à le faire résonner suavement.
Mousse et pampre est aussi doucereux qu’un pull lavé avec Mir Laine
C’est là un des quelques cas où la sonorité phonétique suffit au sens.
Mousse et pampre est aussi confortable qu’un édredon de plumes d’oies, aussi doucereux qu’un pull lavé avec Mir Laine, aussi innocent qu’un recommandé au prêche pris la main dans le pot de confiture.
Cette sensibilité exacerbée parfois en décalage avec la nécessaire virilité des années surannées est vraisemblablement la cause de son usage confidentiel. Le bagou donne peu dans l’émotionnable. Mousse et pampre est donc du registre plus que châtié côté laïus du pavé, ce qui implique une certaine rareté. En effet, bien peu nombreux sont les ouvrages lui conférant une place de choix, écrivains et gratte-papier lui préférant une cohorte moins chochotte de synonymes.
La modernité qui n’est qu’ardeur n’allait pas se charger de réhabiliter cette formule naturellement devenue désuète.
Placer un mousse et pampre dans la conversation est désormais aussi inutile qu’impossible. Ce serait ballot de passer pour bellot.