[nèstòr de la limònad] (n. com. BOISS.)
“Limonade, café, liqueurs” aurait pu être la devise de la République française tant on la trouve aisément, gravée au fronton d’établissements sis au centre de toute ville ou tout village en ces temps surannés. C’est finalement sa voisine la mairie qui gagnera la partie avec sa (trop ?) lyrique « Liberté, égalité, fraternité », mais ceci est une autre histoire.
Qui dit limonade, café, liqueurs, dit Père tranquille ou Chez Mimile et donc dit garçon de café ou garçon limonadier, et qui dit garçon limonadier peut, s’il sait jacter comme il sied, dire Nestor de la limonade.
C’est comme ça qu’on l’appelle, le loufiat en pingouin, et l’on notera au passage que ce n’est pas à Nestor le pingouin que Nestor de la limonade doit son surnom mais à Nestor le sage monarque de la guerre de Troie loué pour sa connaissance des choses de la vie qui fera de son nom le synonyme d’expert.
Depuis l’Iliade et l’Odyssée donc, être le Nestor d’un sujet c’est être expert en sa matière.
Curieusement, c’est le Nestor de la limonade qui a fait carrière dans la langue, plus que le Nestor du point de croix ou le Nestor des quotas laitiers. À croire que la maîtrise de la gestion de l’offre du marché de la traite bovidée ou celle du maniement de l’aiguille tricoteuse passionnent moins que l’expertise du concocteur de diabolo menthe…
Il est même grandement étonnant que Nestor de la limonade (ou de tout autre breuvage) se soit fait la malle du langage moderne, tant le temps d’aujourd’hui regorge d’experts en tous genres susurrant leur avis à l’envi. Des sachants qu’on retrouve au comptoir, à la tribune, en plateau (télé), qui titillent en savoir le roi de Pylos, le seul, le vrai, Nestor (Νέστωρ).
Quoi qu’il en soit, Nestor de la limonade ou de quoi que ce soit est bel et bien suranné et totalement inusité.
— Nestor, un Monaco !
— Minute papillon !