[paskal] (n.&pr. 500)
La question du prénom et de son caractère suranné est complexe.
Arthur ne l’est pas sauf quand il se fait appeler comme tel, alors que Théodule ne laisse pas de place au débat et que Jean s’il est gros comme devant le porte largement, mais aucunement s’il est maigre comme un clou. Difficile donc d’entrer dans cette définition de but en blanc.
Pourtant il nous faut confirmer ici que Pascal est désormais suranné.
Point d’anticléricalisme primaire dans cette désuétude, ce n’est pas celui qui est né à Pâques qui est visé. Le Pascal poussiéreux est celui qui montre Blaise; tout ça alors que Blaise redevient à la mode et que Blaise Pascal demeure à la fois un mathématicien, un physicien, un philosophe et un moraliste célébré par l’apposition de ses nom et prénom au fronton de lycées et autres lieux d’apprentissage du savoir.
C’était d’ailleurs un bel hommage que celui du Pascal dorénavant périmé dont il est question par ici, celui de 500 francs que la Banque de France diffusa de 1969 à 1994. En posséder un posait son homme parce qu’avec un Pascal on rinçait l’assemblée chez Régine, on remplissait allegro le réservoir de la DS (pourliche au pompiste en sus), on déjeunait chez Bocuse, bref on flambait.
Si le Pascal s’acoquinait avec plusieurs de ses 1 030 000 999 frères jumeaux qui furent légalement imprimés par les autorités en charge de battre monnaie, on le disait en liasse, conglomérat fiduciaire généralement réservé aux membres du Cercle Wagram ou du gang des Lyonnais, aux porteurs de valises ou encore aux artistes.
C’est d’ailleurs l’un des plus grands de cette catégorie qui s’essaya avec son sens de la provocation à une démonstration sur le taux d’imposition. Le , à l’heure où la France sent le blues du dimanche soir qui arrive parce demain il va falloir aller trimer, Serge Gainsbourg fait claquer le Zippo et brûle un Pascal aux trois quarts¹. « Il faut pas déconner, ça c’est pas pour les pauvres, c’est pour le nucléaire » nous déclare l’homme à tête de chou tandis que son Pascal part en fumée. Faire flamber un Pascal atteint son apogée.
Pas rancunière, l’administration attendra que Gainsbarre se barre de ce monde pour remplacer Pascal et imprimer un Pierre et Marie Curie vert et jaune canari aux dimensions plus modestes (trois centimètres de moins dans sa longueur et près de deux dans sa largeur), qui ne marquera pas une époque moins théâtrale (la crise du Système Monétaire Européen est passée par là).
Le 28 février 2007, Pascal devient officiellement suranné puisque la Banque de France cesse de l’échanger contre les 76,22 euros qu’il vaut désormais. Deux millions et demi des Pascal n’ont jamais rejoint le bercail du 31 de la rue Croix des Petits-Champs. Deux millions et demi de flambeurs surannés ?
Serge doit se marrer.