[pataSòné dâ sa tèt] (loc. raison. BÊT.)
Si la vitesse en quoi que ce soit, et singulièrement en déplacement, n’était pas une condition d’exécution dans les temps surannés, le mou du genou, le lent en tout, n’en était pas pour autant loué.
Déjà, l’idiot du village était raillé, le crétin des Alpes vilipendé, le mal comprenant moqué. N’allons pas croire que l’époque n’était que douceur et volupté.
L’on disait cependant avec un peu de retenue qu’il avait l’air de revenir de Pontoise, qu’il était un ahuri de Chaillot ou qu’il pédalait dans la choucroute.
Et lorsqu’on décidait de se faire incisif, c’était patachonner dans sa tête qui qualifiait le désordre cérébral du quidam à la raison embuée.
Patachonner dans sa tête provient de la réputation bâtie avec application depuis le XVIIIe siècle par les patachons, ces conducteurs de pataches et autres diligences de si mauvaise qualité qu’elles avançaient à la vitesse de l’escargot, ce dernier s’avérant par ailleurs apprécier la Bourgogne et ses productions vinicoles. Une idée que l’on retrouve aussi dans mener une vie de patachon, celle-ci se déroulant notamment dans les estaminets et autres Balto.
Patachonner dans sa tête désignait donc une forme de désordre intellectuel causé par le trop-plein d’alcool et les séquelles d’abus en tournée des grands-ducs. Le bon sens des créateurs du langage suranné savait déjà ce que la science qui conseillait alors de prendre un petit dernier pour la route ou un rouge limé avant d’aller à l’école mettrait quelques années à découvrir¹.
Par commodité d’usage, patachonner dans sa tête s’étendit à toutes les formes d’argumentation balbutiante ou de syllogisme multi-prémisse mal maîtrisé.
La mobilité moderne et ses voitures sans canasson chassant le patachon², patachonner dans sa tête fila en surannéité, laissant la place au simplet, au gâteux, au manche, au jacques et à l’inepte, voire au con.
L’usage plus modéré de la boisson aida aussi l’homme moderne au raisonnement, celui-ci se trouvant moins brouillé par les vapeurs éthérées.
Certes il s’entend encore parfois des logiques exprimées en râles d’alcoolique, mais ce sont là de simples exceptions qui viennent confirmer la règle que l’entendement et le discernement règnent à présent.
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