[patply] (n. comp. MANIP.)
Patelin, archipatelin, bonimenteur, baragouineur, le rusé beau parleur a commis tant et tant de méfaits depuis que le langage existe que celui-ci s’est chargé de le cerner avec moult figures qui en disent long sur la triste sienne – de figure. Penchons-nous prudemment sur l’une d’entre elles.
Du courtisan affable venu chercher une faveur, de l’arnaqueur représentant en verroteries qu’il fait passer pour des bijoux, du séducteur en cœurs qui ne visait en fait pas si haut, ceux qui voulaient prévenir de leurs agissements disaient qu’ils étaient patte-pelu.
D’apparence doucereuse et honnête, le patte-pelu est maître jésuitique, rhéteur fourbe et retors, ou pour être imagé savon jaune Provendi quant à ses intentions¹. Et le bougre arrivera à ses fins ! Le patte-pelu sait se servir des poils soyeux qui parsèment sa mimine. Tout ceci n’étant qu’image surannée bien entendu, le travail nécessaire au mensonge nécessitant de ne pas avoir un poil dans la main.
En effet patte-pelu est loin d’être un glandu car ourdir exige une énergie sans cesse renouvelée, voyez Judas, Brutus, Richelieu (pour les modernes vous trouverez qui vous plait), acharnés travailleurs du discours captieux, du sourire convenu et du croc-en-jambe perfide.
Patte-pelu a disparu et les Jésuites ont porté l’un des leurs sur le trône de Saint-Pierre² : simple coïncidence ? Ou ultime stratagème des modernes pour faire oublier que les sycophantes sont désormais partout ?
La seule patte poilue que l’on pourra serrer sans craindre un coup de Trafalgar est celle de tout corniaud qui en a quatre, une truffe humide et un regard aimant. Lui n’a d’autre objectif que de vous rapporter ce bâton ou cette balle pour mériter un sucre ou une simple caresse et n’est pas patte-pelu.
« Plus je connais les hommes, plus j’aime mon chien. Plus je connais les femmes, moins j’aime ma chienne ».
Pierre Desproges