[peje o ky dy kamjɔ̃] (loc. usur. TX BANC.)
Même si l’idée du camion qui germe dans l’esprit fécond de Nicolas Joseph Cugnot en 1769 peut être vue comme initiale, le bougre aura malheureusement le mot qui flanche en dénommant son chariot à transporter les charges lourdes un « fardier » (certainement parce qu’il permettait de se fader des fardeaux) et ne peut dès lors être crédité de l’invention de l’expression payer au cul du camion.
On ne trouve dans la littérature aucune mention de payer au cul du fardier et, si l’on peut le regretter parce que ça aurait eu de la gueule, on devra faire avec et attendre un peu plus d’un siècle que Karl Friedrich Benz, grand promoteur de la Deutsche Qualität comme on ne dit pas encore en cette fin du XIXe, nous conçoive le premier camion à moteur à combustion interne pour utiliser payer au cul du camion
Quand les bons comptes font les bons amis, on paye au cul du camion
Quand la maison ne fait pas crédit, quand les bons comptes font les bons amis, on paye au cul du camion. Et ce même si le vendeur livre en triporteur ou propose – mais à combien ? – un chien dans la vitrine : dans tout les cas on aboule le grisbi illico.
Aussi étrange que cela soit, payer au cul du camion n’impose pas de posséder un semi-remorque, ce qui est au demeurant du plus pratique. Attention cependant : il est probable que les premiers paiements au cul du camion aient été effectués à l’arrière d’un gros-cul. Peut-être pas un 38 tonnes au ventre alourdi de fruits venant du bout du monde apportant avec lui des idées vagabondes, mais au moins un Citroën Type H monocoque dont le propriétaire maraîcher de son état proposait, du côté de la gare Montparnasse, des carottes et salades à la sauvette évitant au passage diverses taxes et impôts.
On notera au passage que tout objet tombé du camion se paye au cul du camion, ce qui est à la fois logique et une autre histoire.
Tant que le routier s’avèrera sympa on paiera au cul du camion, soit jusqu’en 1983.
L’entrée dans une ère plus moderne diminuera l’aura de celui qui tenait le cerceau d’une part, et le crédit à la consommation effrénée se fera toujours plus amène d’autre part. Une combinaison idéale pour que payer au cul du camion se perde dans l’usage et la langue, et que le taux d’usure – son plus grand ennemi – ne prenne le dessus.
À 133 % du taux effectif moyen pratiqué au cours du trimestre précédent par les établissements de crédit pour des opérations de même nature comportant des risques analogues, on comprend que les usuriers préfèrent attendre un peu.