[pɛ̃sfɛs] (expr. fem. COCKT.)
Boutons de suite hors de notre propos le satyre, le vicieux, celui qui doit toucher sans y avoir été autorisé, il n’y a pas de place pour lui ici, la maison est sérieuse. Que le trousseur aille se faire pendre ailleurs (ce qui lui procurera les symptômes visibles d’une ultime satisfaction paraît-il). Ici, s’il est question de pince-fesses c’est de mondanités qu’il s’agit. Mais nous allons préciser.A l’époque surannée le pince-fesses était tout de même une partie légère voire fine dans certains cas et s’était ainsi ancré dans l’imaginaire collectif comme un moment débridé de la vie en (bonne) compagnie.
Pince-fesses dans cette première acception tomba ensuite en désuétude, les traditions gauloises laissant peu à peu place à des ronds de jambes plus policés mais aux objectifs en tous points similaires¹. Le mot qui devait plaire demeura néanmoins dans le langage festif, s’appliquant en synonyme tour à tour aux baloches, aux surprise-parties, aux boums, aux soirées, aux cocktails et aux vernissages. Sautant d’une époque à l’autre le pince-fesses arriva tout gaillard aux portes de l’époque moderne.
Le bon sens eut voulu qu’il y pénétrât pour y vivre sa vie emplie de libations et de vacuités diverses mais las, passa par là une cohorte de précieuses et de précieux tout autant ridicules que le furent leurs ancêtres qui vouèrent le bon pince-fesses aux damnations surannées. Les fesses devinrent honnies dans le langage alors qu’elles ne s’étaient jamais autant montrées sur les couvertures de magazine.
Pince-fesses ayant dès lors acquis ses lettres de surannéité, il ne se glissa plus que dans les dialogues des dandys en goguettes, des pique-assiettes. À l’aune de ces porteurs de la vieille parole, il porta un regard un tant soit peu blasé et distant sur les mondanités et parvint même à nous faire ressentir de la condescendance pour la fête.
Paradoxe suprême, pince-fesses qui à ses débuts demandait tout de même une vraie proximité (essayez de pincer à moins d’un mètre) prit désormais du recul, de la distance ! Mieux encore, le pince-fesses moment de libération des corps et des carcans devint guindé et s’envisagea aisément avec la rectitude qui sied à la pompe d’un bal des débutantes de sous-préfecture.
Queue-leu-leu et chenilles de mariages, lambadas chaudes comme l’été et zouk-love importés de nos beaux départements d’outre-mer n’y changèrent rien malgré leur évidente volonté de faire parler les attitudes. Jamais au grand jamais ne revint le pince-fesses d’antan.
🎶J’irai plus dans vos boums
Elles sont tristes à pleurer
Comme un sourire de clown
Comme la pluie sur l’été🎶🎶
1 comment for “Pince-fesses [pɛ̃sfɛs]”