[pòrté dé Sosèt dé dö parwas] (loc. cléric. BONNET.)
Outre la vie, l’amour, l’argent, les amis et les roses qui demeureront jusqu’à la fin des temps les mystères les plus insondables de l’humanité, s’est adjoint à ce quintette métaphysique étudié par les plus grands¹ une petite pièce de coton peigné, de lin ou de fil d’Écosse bien énigmatique elle aussi : la chaussette masculine.
C’est de son insondable volonté à ne jamais demeurer liée à sa jumelle de création qu’est née l’expression porter des chaussettes des deux paroisses qui par le truchement d’une image que seule la langue de la fille aînée de l’Église pouvait produire, nous dit combien le schisme est grand entre ces deux choses pourtant faites l’une pour l’autre.
En effet la référence paroissiale ne laisse aucune chance à la conciliation : en France on se hait cordialement d’un clocher à l’autre (sans réellement savoir pourquoi mais parce que c’est ainsi) et cette incompatibilité d’humeur semble être la seule équivalence à l’animosité qui oppose les chaussettes au sein de leur paire.
Porter des chaussettes des deux paroisses entérine cet état aux pieds de l’homme désemparé qui a pourtant cherché longuement le double de ce motif en losange ou la même teinte violette que celle de cette Gammarelli orpheline, avant de céder au négligé et au dépareillé.
Si porter des chaussettes de tennis en dehors du court est absolument inexcusable², porter des chaussettes des deux paroisses sous-entend avec sa structure dévote une certaine tolérance tant est notoire le vice chaussetier en matière de dissimulation. Il est difficile d’en vouloir à celui portant des chaussettes des deux paroisses quand on a pu mesurer cette capacité unique du mi-bas et de la mi-haute à disparaître du tambour du lave-linge. Il y a du Houdini dans la bonneterie.
Le 16 mars 2008, au soir du second tour d’une élection opposant deux partis pour une même municipalité (celle de Perpignan en l’occurrence), une abracadabrantesque histoire de fraude électorale va envoyer porter des chaussettes des deux paroisses en surannéité.
Pris la main dans le sac et surtout les chaussettes remplies de bulletins de vote destinés à bourrer les urnes en faveur de son champion, un gugusse de bas étage se ridiculisait et emportait avec lui l’expression bonnetière. Impossible après ces exploits ubuesques³ de faire allusion à un quelconque pouvoir de dissimulation des chaussettes. La fraude à la chaussette venait de régler son compte à porter des chaussettes des deux paroisses.
Mises devant l’évidence ces dernières réintègreront une à une leurs tiroirs pour y renouer avec leurs pareilles, garantissant ainsi élégance masculine et élections municipales.