[kerèl dalmâ] (loc. géo. FREUN.)
Ein Freund, ein guter Freund, chanson allemande devenue Avoir un bon copain sous les envolées enthousiastes et lyriques d’Henri Garat (qui nous rappelle qu’avoir un bon copain voilà c’qui y a d’meilleur au monde, oui, car, un bon copain c’est plus fidèle qu’une blonde), ein Freund, ein guter Freund, donc, est en quelque sorte la mise en musique de l’expression étudiée ci-dessous.
Une querelle d’Allemands est en effet une dispute sans véritable désaccord, l’une de ces bisbilles qu’on pourra précisément avoir avec ein guter Freund à propos de la nouvelle BMW à la tenue de route médiocre, les piètres performances de l’OM face au PSG, ou ce genre de chamailleries qui opposent ceux qui sont Perniflard aux tenants du Ricmuche. Rien qui ne se règle ailleurs qu’au comptoir, entre copains, et surtout pas à six heures au pré clair (choix des armes à l’offensé) comme le font les acrimonieux.
Cette légèreté polémique contenue dans une querelle d’Allemands déconcerte bien souvent les férus d’histoire qui ont tôt fait d’élever les autochtones d’outre-Rhin au rang de celui de nos plus vils ennemis – la fin du XIXᵉ et le XXᵉ siècle prêchant évidemment en leur sens – oubliant au passage la perfide Albion et ses mille bassesses depuis au moins le XIVᵉ (mais ceci est une autre histoire).
Si on laisse de côté cet étonnement des universitaires, on constate que l’expression est largement utilisée¹ en synonyme des algarades fraternelles (querelle d’Allemands que ce traditionnel « il a eu plus de glace au chocolat que moi » jaugé par un œil intraitable digne de celui de Caïn), des fausses bouderies d’amoureux (querelle d’Allemands que ces « c’est toi qui raccroche, non c’est toi qui raccroche, non c’est toi, non c’est toi, non c’est toi, non c’est toi » ad nauseam), des brouilles surjouées parce que « elle-a-acheté-la-même-robe-que-moi-non-mais-tu-te-rends-compte ? »².
Vraisemblablement venue des tréfonds du Saint-Empire romain germanique et de sa multitudes d’États toujours prêts à se chamailler pour le plaisir³, la querelle d’Allemands se trouva condamnée au suranné en même temps que toutes les autres expressions mentionnant une quelconque géographie (fort comme un Turc, c’est (ce n’est pas) le Pérou, carte de France, arriver du Congo, réponse de Normand, être pris pour un Américain, etc.), les diplomates modernes n’entendant pas déclencher une nouvelle guerre pour une simple expression.