[kwa de nëf ? mòljèr !] (interj. CLASS.)
Convaincu qu’il est d’avoir inventé l’eau chaude ou le fil à couper le beurre 2.0, le moderne est souvent interdit quand en guise de commentaire au conte de ses exploits il lui est rétorqué un hardi quoi de neuf ? Molière !
L’ébaubissement en question surgira de cette réfutation chère à Sacha Guitry des penchants fanfarons du moindre contemporain n’ayant pas trouvé la trace des vertus de ses aînés entrés dans la carrière avant lui mais désormais réduits en poussière¹.
Car cet avant-gardiste, tout connecté Wifi qu’il est, n’avait pas eu loisir de se pencher sur l’œuvre du dramaturge emperruqué ou de l’un de ses pairs en description des mœurs : erreur, cruelle erreur puisqu’à peu près tout des travers du fat, du sachant ou du rogue y est consigné pour qui veut bien le lire.
Ce quoi de neuf ? Molière ! cinglant soufflette donc l’outrecuidant mieux qu’une giroflée à cinq pétales.
Quoi de neuf ? Molière ! verra le jour après que la bande à JB aura acquis la protection de Monsieur, dont il se dit qu’il est peut-être l’inventeur de la formule imaginée un jour de frustration d’être puîné, histoire de moucher le numéroté quatorze des Louis de France, son royal frangin qui en serait demeuré coi. Un exploit !
Les siècles passant, quoi de neuf ? Molière ! prendra du galon, Jean-Baptiste Poquelin s’avérant par essence de plus en plus vieux mais aussi de plus en plus d’actualité.
Nullement contrariée par le disparition sur scène de son sujet lors de la quatrième représentation du Malade Imaginaire le 17 février 1673, quoi de neuf ? Molière ! connaîtra même une gloire aussi grande que les comédies en vers et prose du sieur. Jusqu’au début des années 80 où la 6eB du collège Jacques Callot donne encore des représentations des Précieuses ridicules et du Malade imaginaire (sous l’impulsion de Madame T., professeur de français) il s’entend des quoi de neuf ? Molière ! pour rabattre le caquet des excités de la nouveauté jamais en retard pour balancer au panier tout ce qui date d’hier.
Ces plastronneurs modernistes finiront néanmoins par emporter le bout de gras.
Les marquis, les précieuses, les cocus et les médecins auront le fin mot de l’histoire en reléguant Molière au rang des surannés², arguant que sa langue est chargée, qu’il ne fait rien qu’à montrer des objets par lesquels les âmes sont blessées (et cela fait venir de coupables pensées), et que « ce n’est pas en cultivant l’équivoque, l’aparté et le quiproquo qu’on va intéresser les djeuns' ».
Ses défenseurs penseront un temps trouver en quoi d’neuf docteur ?³ un successeur mais l’affaire ne se conclura pas, Molière et Bugs Bunny s’avérant tout autant désuets l’un que l’autre. Le comique n’est plus d’époque.