[ʁeklam] (n. com. PUB.)
Ça commençait avec 🎶aaadoudoudou doudou doudou🎶🎶 et une pomme qui s’éveillait en fleur (les mecs qui avaient imaginé ce truc devaient fumer d’étranges mélanges). Sur l’écran rouge RFP Régie Française de Publicité marquait son territoire : voici qu’était venu le temps de la réclame. Inutile de vous préciser que c’est du suranné, depuis on est passé à la pub puis au 360° (c’est un peu technique je vous expliquerai un autre jour).Le cas échéant un animateur ou une speakrine pouvait précéder ledit écran d’annonce (ou jingle) afin de nous préparer à la préparation en quelque sorte. Un bien précautionneux attirail pour nous bourrer le mou non sans avoir pris des contre-mesures morales de premier ordre; autrement dit : il-nous-faut-bien-gagner-notre-vie-donc-on-va-vous-balancer-de-la-réclame-pour-que-vous-ayez-envie-d’acheter-des-trucs-sans-intérêt-mais-on-vous-le-dit-comme-ça-on-est-responsable-mais-pas-coupable. La vente de temps de cerveau disponible n’était pas très noble à l’époque et la honte qui accablait les tenants d’un service télévisuel public sans compromission avec l’immonde hydre consumériste (les années flower power étaient encore dans toutes les têtes, 🎶Wight is Wight, Dylan is Dylan, 🎶Wight is Wight, Viva Donovan etc.) s’en trouvait adoucie par cette pomme-fleur évanescente. Une fois ce cataplasme posé on pouvait envoyer la purée.
La réclame n’était généralement pas très gourmande en neurones pour le téléspectaconsommateur : elle usait de l’impératif (achetez, utilisez, essayez…) et s’appuyait sur une utilisation irraisonnée et gourmande de la rime riche ou pauvre peu importe l’important étant que ça rentre dans la tête, et on sait bien depuis la communale que la rime et le rythme ça aide à retenir¹.
« On n’a pas le tempérament à boire du raplapla ! Fruité aux fruits c’est plus musclé » nous sautillait souriant Michel Platini, « Y’a bon Banania » nous affirmait un lippu Zouave de l’Armée d’Afrique, et Carlos nous demandait « Mais qu’est-ce qu’tu bois doudou dis-don’ ? ». Eh oui, ça cassait pas trois pattes à un canard c’était de la réclame vous dis-je, on n’a jamais parlé d’un art majeur.
Tous ces héros de la réclame sont morts (mais si, Michel Platini est mort – enfin celui que j’aimais pour ses coups francs pas celui d’aujourd’hui et ses coups bas), occis avec la ménagère de moins de cinquante ans qui désormais veut être responsable en mangeant au moins 5 fruits et légumes par jour et en achetant du bio-éthique-équitable. Même cette icône Médiamétrique indispensable à la réclame est passée à la postérité et repose en paix en pays suranné, supplantée par la Femme Responsable principale Des Achats du foyer (FRDA). Mais elle n’aime pas la réclame. Pourtant elle regarde Michel Drucker qui nous l’annonce encore. Va comprendre…