[ʁɔʒɛʁbɔ̃tɑ̃] (n. masc. inv. BONH.)
Ce devait être un léger et un doux à la fois ce Roger que voilà qui laissa son prénom à la postérité. Si on en croit la légende c’est à cheval sur les XVᵉ et XVIᵉ siècles que se joue la question de sa vie et de ce qu’il en fit (1468-1536 pour être précis, donc vous voyez c’est suranné). En ces temps dont l’histoire retiendra surtout que l’homme blanc découvrit l’Amérique, un bon homme secrétaire de prélat Bourguignon, semble s’en donner à cœur joie en matière d’exercice quotidien de gaudriole et de bombance rabelaisienne (c’est normal c’est d’époque). Ce débonnaire que j’imagine bedonnant et rougeaud porte le bon prénom de Roger. Il aime faire bonne chère et mon avis est que la bagatelle est un loisir qu’il prise fort bien aussi.Les érudits avancent qu’il était Roger de Collerye, poète prêtre et secrétaire d’évêques à ses heures, mais je me contenterai comme on le fait encore parfois aujourd’hui quand on parle suranné de l’appeler Roger-bontemps.
Roger-bontemps est un doux facétieux et préside même les destinées d’une confrérie de la rigolade qui passe ses journées à se marrer. Sans soucis, disposés au bonheur béat, à l’exercice guilleret des choses frivoles, au sourire et même j’en suis sûr à une véritable bienveillance, Roger-bontemps et ses complices sifflent la Madelon pour qu’elle leur porte à boire, apprécient les mets gourmands qu’on veut bien leur servir, laisse traîner leurs mains où la morale réprouve sans jamais pour autant oublier une risette qui fait que dans leur quête ils sont plus charmants que rustres et encombrants. L’abbé des fous, c’est ainsi qu’on dénomme le chef de cette bande goguenarde, mène son petit monde d’espiègleries en comédies, de balivernes en pitreries. D’où l’idée du bon temps.
Facile me direz-vous d’être Roger-bontemps. Ah bon, vous le croyez vraiment ? Cultiver l’insouciance avec constance et la désinvolture avec douceur n’est pas à la portée du premier bout-en-train venu. Celui qui parle haut, qui connait toutes les blagues, n’est pas à tous les coups en grâce avec cette manière d’être, moins superficielle et légère qu’il ne peut y paraître. Eh oui mes amis, la gravité est aisée car chaque bouleversement en chaque instant nous y entraîne. Les nouvelles du monde, les rumeurs, les femmes, l’argent et les roses s’acharnent à nous faire oublier que le contentement est de bien peu de choses. Roger-bontemps connaissait l’alchimie, pas celle qui change le plomb en or mais la recette du bonheur quotidien.
Ce joyeux drille a légué au langage la trace de son prénom affublé d’un surnom. Il est devenu suranné en même temps que l’idée de vouloir bien se marrer devenait incongrue, dérangeante, impolie, hors-la-loi. Désormais c’est manger-bouger, consommer avec modération, des fruits et des légumes, interdit de ceci, obligé de cela, pas trop vite, précaution. Sale temps pour les Roger-bontemps.
🎼🎶Qu’est-ce qu’il fait, qu’est-ce qu’il a, qui c’est celui-là ?
Complètement toqué, ce mec-là, complètement gaga
Il a une drôle de tête ce type-là🎶
Qu’est-ce qu’il fait, qu’est-ce qu’il a ?
Et puis sa bagnole les gars
Elle est drôlement bizarre les gars
Ça s’passera pas comme ça…🎶