[rwajal o bar] (adj. qualif. ROY.)
Dans la litanie des comportements devenus surannés pour cause de réalisme moderne, de rentabilité, de taux d’intérêt et autres billevesées à pourcentages, il en est un qui manque plus cruellement que les autres.
S’exerçant originellement dans le cadre assez libre d’une tournée des grands-ducs, cette attitude qui consiste à se montrer aussi généreux qu’un monarque n’ayant que faire des finances et laissant les questions vulgaires à l’un des grands offices, a pris la dénomination d’être royal au bar.
Sans l’arrogance du nouveau riche bling-bling qui tripote ses fafiots comme s’ils étaient faits d’une autre matière que de papier, celui qui se comporte royal au bar va savoir se montrer généreux en espèces. Au génie du shaker qui l’a comblé avec son incontournable Sex on the beach, son classique Bloody Mary ou sa fine, il laissera un pourliche conséquent : c’est au comptoir qu’est né royal au bar.
Notons que ces manières existent aussi au Penalty ou au Balto, saluant un demi sans faux-col ou un Perniflard bien tassé.
On peut être royal au bar dans tout genre d’établissement doté de licence IV. Dans tous les cas, le geste royal au bar se fait sans ostentation : comme son nom l’indique il est d’essence princière et ne demande même pas à être salué (l’attente d’une génuflexion constituerait une négation de l’acte).
Comme tout ce qui sort du bistrot, royal au bar s’est étendu à de multiples domaines quotidiens, y saluant à chaque fois une attitude magnanime et généreuse. On put ainsi, dans les temps surannés (y compris les plus républicains dans l’âme), être royal au bar sans consommer une goutte de breuvage fermenté, soulignant au passage que ce n’est pas l’euphorie alcoolique qui fait le monarque éphémère.
Il va sans dire que royal au bar fut largement considéré comme suranné par une génération nouvelle arrivant aux affaires et faisant peu de cas de la manière d’être. Quand « Tous les coups sont permis » résonne comme une devise, il est grand temps pour royal au bar de se faire oublier¹.