[se kasé la nénèt] (gr. verb. RAF.)
Non, il ne sera pas question en ces lignes de belles carrosseries et de petit coup de Polish à donner pour faire briller la couleur. Pour le tuning et divers arts décoratifs sur véhicules, vous trouverez de nombreux ouvrages très savamment documentés, tous prêts à vous définir lanénette comme une brosse à lustrer. Mais pas de ça en ce savant dictionnaire.Se casser la nénette que nous envisageons de vous faire connaître en ces lignes fait appel à la tête. Selon un cheminement tortueux, la nénette synonyme de tête viendrait d’une contraction de comprenette, comme dans être dur de la comprenette, qui serait donc devenu nénette afin de gagner une syllabe et quelques millilitres de précieuse salive. Ça se comprend.
Une fois cette nénette là posée, il est bien facile d’acquiescer à l’idée de ne pas se casser la sienne propre. Même si se taper sur la tête avec un marteau fait du bien, surtout quand on arrête, se fracasser volontairement la cafetière demeure un exercice peu pratiqué. Alors que pulvériser celle d’un ennemi avec un objet adéquat est courant.
À ce propos, il est tout de même étonnant que le casse-tête soit demeuré comme tel dans la langue, quand se casser la nénette appelait naturellement une composition en casse-nénette. Peut-être cela a-t-il été jugé insuffisamment belliqueux ou viril pour décrire un objet contondant.
Exemple : « Le chef maori se dressait face à l’ennemi, casse-nénette en main » pourrait sembler ridicule.
Certainement parce que la dérive d’usage de nénette pour nommer une jeune femme avait alors commencé et que ce terme de casse-nénette ne pouvait dès lors s’appliquer qu’aux machos de pacotille s’enorgueillissant de leurs exploits supposés avec la gent féminine (ceci demeurant, quoi qu’il en soit, une autre histoire).
Se casser la nénette pour se casser la tête, se décarcasser, se creuser le ciboulot, aller jusqu’à se faire de la bile et pourquoi pas se mettre la rate au court-bouillon, disparaîtra avec l’entrée dans une époque radieuse où l’on n’a plus à s’en faire puisqu’il est avant tout nécessaire de s’en tamponner le coquillard pour y survivre.
Étrange pour tous ceux à qui les aînés avaient inculqué qu’il faut toujours un peu se casser la nénette, parce que la pensée ne nuit pas à l’action voire même qu’elle pourra l’éclairer. Ces empathiques seront bien aimables d’aller se faire empapaouter et de ne point gâcher l’aimable béatitude ambiante bâtie à grand renfort de world music d’ascenseur précisément composée sans vraiment se casser la nénette.
Puisqu’on vous dit qu’il ne faut pas s’en faire. Cessez de vous casser la nénette, c’est suranné.