[sə fɛʁ aple aʁtyʁ] (loc. ver. FAM.)
Peu importe que l’expression nous vienne de l’époque du couvre-feu sévèrement surveillé par les patrouilles d’une armée ennemie marchant au pas dans nos rues pavées ou encore qu’elle se réfère à un énième surnom de margoulin du coin.Se faire appeler Arthur est surannée parce qu’elle contient une promesse de remontée de brettelles et débute ainsi le jalonnement fort imagé du parcours qui mènera le garnement du forfait à la sentence. Elle n’en sera pas pour autant plus magnanime et la punition plus douce.
Quand l’injonction incantatoire se faire appeler Arthur est énoncée, quel que soit le prénom du fautif ce dernier a compris que ses fesses vont rougir. Une question se pose tout de même pour celui qui a l’heur de se dénommer ainsi de naissance.
Est-il insensible à l’annonce, le cuir tanné par l’utilisation injustifiée de son prénom ?
Ou bien la gradation soudaine de la menace lui fait-elle renoncer à son état civil pour tenter de se soustraire à la force coercitive qui s’avance ?
Une sorte de réflexe de survie qui le ferait alors s’appeler tout aussi bien Périphérique que Coccinelle¹. Si j’osais je parlerais du « syndrome de Cunégonde »², mais ceci nous emmènerait trop loin.
J’en reviens donc à ce brave Arthur qu’on invoque avant l’avoinée.
On le voit, se faire appeler Arthur est une petite douceur en apparence derrière laquelle se cache une plus dure violence. Une expression au sadisme assumé qui usera de bonhommie pour mieux se perdre en perfidie. La langue surannée est complexe à manier avec ses codes alambiqués. C’est certainement pour ça qu’elle devient désuète, on est aujourd’hui en direct³, sus aux subtilités.