[se fèr pété la miaj] (loc. embrass. SMAC.)
À la complexité protocolaire française du nombre de bises à faire (de une à quatre) lors d’une rencontre amicale ou formelle est venue se greffer une expression absconse dont l’existence est justifiée par le bruit de succion claquée qui accompagne le frôlement lèvres-joues.
Se faire péter la miaille est initialement s’embrasser bruyamment, et c’est son pet qui souligne cet aspect sonore remarquable, la miaille se contentant de synonymiser la joue dans le parler des gones.
C’est en effet à Lyon et dans ses environs que l’on se fait péter la miaille, en ces temps étranges où une pudeur venue d’outre-atlantique¹ n’empêche pas encore hommes et femmes de faire entrer en contact quelques centimètres carrés de leur peau pour se signifier leurs salutations distinguées.
On se fait alors péter la miaille pour un oui pour un non, et la maîtrise de la pétarade est tout un art : à l’ami de longue date on servira un smack retentissant – d’autant plus surjoué qu’on ne s’était pas vu depuis longtemps – et l’on veillera à demeurer en gazouillis lors d’un pince-fesses mondain. En cas de remise de légion d’honneur c’est un frôlement tout en silence qui est de rigueur, et pour le maillot jaune ou le vainqueur d’étape de Tour de France la bise peut claquer.
Smack, smouck, tchouik, biz, slurp, mff (1957, Céline), poutou-poutou, traduisent alors en littérature les divers degrés de pétage de miaille (ou clic labial comme aiment à jargonner les savants spécialistes du bisou²) dont le plus élevé, le patin roulé ou french kiss, fera la renommée du Français auprès des petites Anglaises lors de séjours précisément destinés à apprendre le maniement de la langue (mais ceci est une autre histoire).
Baisemain galant et baiser fraternel socialiste façon Brejnev roulant des pelles à tous les dirigeants communistes du monde tombant en désuétude, se faire péter la miaille perdra aussi de son influence et finira par s’oublier.
Les temps modernes ne sont pas ceux des Bisounours et des bisous qui claquent.