[se fròté le ky o paniko] (loc. verb. ALANGU.)
Vrai moyen d’avoir au cul passion, selon le bon docteur Rabelais, se frotter le cul au panicaut n’est pas restée dans la langue comme une recette aphrodisiaque réputée.
On peut même dire que la formulation a toujours eu un sens très différent laissant au passage planer le doute sur les vertus de l’affirmation rabelaisienne. Plutôt qu’échauffer les sens et donner des forces licencieuses, se frotter le cul au panicaut marquera la langue surannée comme l’expression d’une action vaine; on trouvera d’ailleurs souvent autant se frotter le cul au panicaut en guise de réponse à l’insurmontable.
Il faut bien admettre que se frotter l’arrière train avec un bouquet de chardons des Alpes ou des Pyrénées (eryngium alpinum ou bourgatii) n’a rien de réjouissant, et y céder est certainement une marque de grand abandon.
Quand tout part à vau-l’eau et qu’il est temps de laisser la main au hasard pour régler les choses, on s’assiéra, on prendra un verre (ou deux) d’un de ces vins réservés aux instants qu’il vaut mieux nimber des oublis ébrieux, et on déclarera solennellement qu’on envisage de se frotter le cul au panicaut en guise de solution.
Certes aucun témoignage sérieux ne peut rapporter qu’une biture régla un jour un quelconque problème, mais nous ne possédons pas non plus d’écrits certifiant que se frotter le cul au panicaut ait contribué à une solution en quoi que ce soit. Pas même en chose charnelle, dût-il en déplaire à Rabelais dont le système médical de pantagruélisme ne connut pas les honneurs de l’Académie, mais ceci est une autre histoire.
Il était bien entendu impossible d’accepter tant de déréliction dans des années modernes où l’on marche à la Wonder et où Sisyphe guide le monde. Se frotter le cul au panicaut fut banni en surannéité, échappant de peu au peloton d’exécution pour incitation à la désertion et dégradation volontaire du moral des troupes.
Se frotter le cul au panicaut est devenu un vain mot. Drôle de destin.