[se pelé lòNô] (loc. fraîch. TEMP.)
La rigueur et l’orthodoxie voudraient évidemment que se peler l’oignon exprime le fait de se dévêtir de son pantalon (ou de sa jupe) et des dessous siégeant précisément en dessous du vêtement susnommé.
L’oignon est en effet traditionnellement l’un des petits noms du séant et peler est a priori suffisamment clair dans son sens d’enlever des morceaux d’une peau protectrice. Mais attention : faux ami !
Se peler l’oignon n’a rien à voir avec se désaper.
Si dans sa présente acception l’oignon reste bien le fondement, il ne s’agit pas de le montrer à tous les passants mais de signaler qu’il fait un temps de singe en laiton et que la température ressentie nuit gravement à l’épiderme fessier puisqu’il se desquame.
Selon les autorités militaires qui ne sont pas si muettes que la légende veut bien le dire, c’est dans les tranchées de la Der des der que se peler l’oignon aurait vu le jour, encouragée dans son émergence par la pratique soutenue de la langue surannée par les Poilus et par les conditions météorologiques¹.
Moins réglementaire et romanesque qu’un « Im Westen nichts Neues² » très germanique, se peler l’oignon rend cependant tout aussi bien compte des conditions terribles de la guerre des tranchées et de la souffrance des hommes (côté français, quand on a froid on pense cuisine, c’est ainsi).
En 1990, un accès de modernisme collectif frappe l’Académie française qui, contre toute attente, n’agit pas sur peler (alors que tout chef étoilé vous dira qu’on ne pèle pas un oignon mais qu’on l’épluche puis qu’on l’émince) mais sur oignon en le transformant en ognon.
Stupeur et cacochymie !
Se peler l’oignon qui s’orthographiait avec son « i » depuis plus de soixante-dix ans tombe en désuétude, elle qui avait résisté à la guerre. La proposition d’utiliser se peler le jonc en guise de remplaçant n’emporte pas les suffrages et c’est une réforme du quai de Conti qui fait de se peler l’oignon une expression surannée.
Quand les Immortels veulent faire leurs modernes…