[sɑ̃ tɑ̃pɔne lə kɔkijaʁ] (exp. VULG)
S‘en tamponner le coquillard ou de l’image comme constitutive de la surannéité.
Car il ne vous aura pas échappé que l’expression sus citée fait appel à un grand sens de l’imagination pour être perçue dans sa complétude subtile sans pour autant se pervertir de vulgarité.
Débutons par le verbe : tamponner ou l’action de heurter à coups légers mais suffisants pour obtenir une réaction de l’objet tamponné. De petites tapes répétées qui feront leur office grâce à leur nombre. Poursuivons par le nom : le coquillard; s’il désigne originellement l’organe de fierté masculine, il a au fil des siècles effectué une demi rotation autour du corps pour terminer sa carrière sémantique en évoquant l’arrière-train. Une bizarrerie que seule la pudeur outrancière des précieuses ridicules qui trop longtemps veillèrent farouchement à une approche jugée correcte du langage est susceptible d’expliquer.
Ainsi l’adjonction des termes qui donna s’en tamponner le coquillard exprima-t-elle des heurts répétés et auto-appliqués sur la partie charnue de notre anatomie. Une douce fessée en quelque sorte, sans conséquence aucune en matière d’intégrité physique ni même en amour-propre.
S’en tamponner le coquillard exprime depuis l’indifférence dédaigneuse et méprisante apportée à tout événement qu’autrui aurait pris quant à lui pour important. Le grotesque de l’image générée dévoilant combien la dite indifférence est élevée. Une question de degré en quelque sorte.
On peut dire que s’en tamponner le coquillard s’en sort bien.
Nettement moins vulgaire qu’un « s’en battre les cou**les avec une pelle à tarte », beaucoup plus puissante qu’un « s’en ficher/foutre », moins ménagère qu’un « n’en avoir rien à cirer », plus franco-française qu’un « s’en câliss », elle trouve une place à part dans le bréviaire de l’homme suranné et excédé.
S’en tamponner le coquillard pourra même être utilisée en société, car ses éléments constitutifs étant fort surannés, elle ne saura figurer pour grossière. Comme certaines de ses congénères imagées, elle fera passer l’émetteur pour un titi des fortifs’, un poulbot de la butte, un zazou du Luco.
Je dois bien avouer ici qu’il m’est arrivé plus qu’à mon tour de m’en tamponner le coquillard. L’exprimer haut et fort m’a souvent valu mises au ban et ostracismes de la part tour à tour de mes professeurs, de l’administration républicaine et de ses forces de répression, et de divers donneurs d’ordres qui n’en faisaient qu’à leur tête comme la mienne ne semblait pas leur revenir. Grand bien leur fasse, ils m’ont aidé à me tanner le cuir à force de me le tamponner. Qu’ils en soient ici remerciés.