[tiré lé muS o kanô] (gr. verb. 2e REP)
Le colonel Francisco de Paula Milán de l’armée mexicaine qui n’avait pas dû lire Sun Tzu ou l’interpréta au plus mal, apprit à ses dépens lors de la bataille de Camerone, le 30 avril 18641er bataillon du Régiment étranger…
Un massacre plus tard, de ceux qui font la légende guerrière et les héros, celui qui ne finirait même pas Général dans l’armée mexicaine (c’est dire…) comprenait que tirer les mouches au canon n’est pas forcément les occire. Danjou, Vilain, Maudet et tous leurs camarades venaient de le lui démontrer.
Si tirer les mouches au canon ne procède pas à coup sûr de cet épisode sanglant des conquêtes de Napoléon III, pas plus d’ailleurs que de la bataille de Fontenoy durant la guerre de succession d’Autriche (les historiens refusant de se prononcer sur les paroles d’Anterroches « Messieurs les Anglais, tirez les premiers ! » ou « Messieurs les Anglais, tirez les mouches au canon ! » …), nous considérerons qu’il eut pu.
Quoi qu’il en soit, tirer les mouches au canon nous vient évidemment du champ d’honneur et non de la salle à manger avec son papier tue-mouche qui pendouille du plafond qui procède quant à lui de la plus vile manœuvre. Remarquons au passage que la mouche tient lieu en bien des expressions du suranné d’ennemi héréditaire, allant jusqu’à supplanter l’Anglois dans ce rôle, ce qui n’est pas une mince affaire convenons-en.
Les éléments de langage de la guerre moderne eurent raison de tirer les mouches au canon. Alors que Bagdad s’affaissait sous un déluge de fer et de feu en 1990, il n’était plus question que de frappes chirurgicales, d’attaques ciblées, de mises hors d’état de nuire, et de quelques dégâts collatéraux. Le tout en direct sur nos écrans télévisés, créant un stupéfiant ballet de zigzags lumineux et une nouvelle et terrible esthétique mortifère.
(…)Rappelle-toi cela Barbara
Et ne m’en veux pas si je te tutoie
Je dis tu à tous ceux que j’aime
Même si je ne les ai vus qu’une seule fois
Je dis tu à tous ceux qui s’aiment
Même si je ne les connais pas
Rappelle-toi Barbara
N’oublie pas
Cette pluie sage et heureuse
Sur ton visage heureux
Sur cette ville heureuse
Cette pluie sur la mer
Sur l’arsenal
Sur le bateau d’Ouessant
Oh Barbara
Quelle connerie la guerre